La Marchande de Fleurs Kâto
Le soleil passait difficilement à travers les feuillages des différentes fleurs entreposées dans la boutique de Kimiko Kâto, avant de venir s'échouer sur le carnet d'une jeune adolescente en train d'écrire. Okuni était assise sur un tabouret devant le comptoir et griffonnait quelques notes pour l'unes de ses multiples pièces. Pendant ce temps là sa mère était occupée à arroser les plantes vertes dans leur pot. Un débardeur gris sur les épaules, un pantalon noir bouffant et des baskets usées aux pieds, la jeune fille n'allait encore pas bouger de la journée. Deux vieux écouteurs recouvraient ses oreilles et une musique étouffée se propageait dans la pièce.
Une clochette retentit et une femme assez rondelette entra, un panier sous le bras d'où dépassait une baguette de pain française. Elle avait les cheveux bruns coupés courts et portait un petit chapeau beige décoré d'une plume noire et une veste rose pâle. C'était Mrs Terrins, une habituée de la fleurie qui passait son temps à rendre visite à Kimiko pour discuter de tout et de rien. Elle s'avança jusqu'à Okuni et se pencha vers elle pour lui dire quelque chose, mais la gamine n'entendait rien et ne prit pas la peine de retirer ses écouteurs. Aucunement offensée par cette inattention, Mrs Terrins se dirigea ensuite vers Kimiko qui était en train de balayer et lui tendit un paquet emballé dans un sac en carton. A cette découverte la jeune mère se mit à rougir et ordonna à Okuni de l'écouter d'un signe de la main. Obéissant, la jeune sorcière baissa les écouteurs sur ses épaules et tendit l'oreille.
-Mrs Terrins vient nous apporter de délicieux petits gâteaux qu'elle à préparée elle-même, va me chercher le service à thé, nous allons goûter sur le comptoir, je ne pense pas que des clients se présentent pour le reste de la journée. Et n'oublie pas de rapporter un bouquet de fleur pour la remercier.
-D'accord Man!
-Oh non vraiment ce n'est rien! Inutile de me remercier, ça me fait plaisir que vous mangiez mes biscuits!
-Non, non, j'insiste Mrs Terrins! Nous devons vous remercier comme il se doit.
De toute façon il était déjà trop tard car Okuni était déjà passée dans l'arrière-boutique en tirant la langue de dégoût pour ensuite grimper un escalier qui menait à l'étage supérieur. Elle arriva dans un petit salon chaleureusement décoré, puis elle le traversa et entra dans une cuisine dont les couleurs variaient du jaune, à l'orange et enfin au rouge. Là elle mit une théière avec de l'eau à chauffer et récupéra un plateau posé sur une table en bois qui ne pouvait accueillir que deux personnes maximums puis reprit la direction de la boutique. Sur le plateau étaient proprement disposés trois petites tasses dans leur coupelle avec trois petites cuillères.
Quand Okuni fut de retour dans la fleurie, Mrs Terrins et sa mère étaient assises autour du comptoir en pleine conversation au sujet des nouvelles tenues sorties chez la vendeuse d'à côté. Depuis qu'elles étaient ici, Mrs Terrins s'était prise d'affection pour Kimiko et lui apportait chaque jour de la nourriture régionale. Cela ne dérangeait pas réellement Okuni qui était rassurée au fond de ne pas laisser sa mère toute seule durant l'année mais elle aurait quand même préféré passer des journées plus tranquilles pour écrire ses scénarios. Elle remonta chercher la théière qui poussait un cri aigu et attrapa un petit bouquet de pensées qu'elle posa à côté de la tasse de Mrs Terrins. Puis elle se replongea dans son écrit, assise sur son tabouret.
Quand la vieille cliente s'en alla, Kimiko remonta le service de thé et revint nettoyer le comptoir. Dehors le soleil déclinait lentement et Okuni profita du silence pour se tourner vers sa mère et lui poser la question qui lui trottait dans la tête depuis le début de la journée.
-Quand irons-nous acheter mes affaires pour le collège?
-Je pense que nous partirons demain matin, j'attendais une petite somme d'argent que devait m'envoyer ton père mais nous nous débrouillerons sans.
-De toute manière on ne peut jamais compter sur lui…
-Ne dis pas ça, je te rappelle que c'est grâce à lui que nous avons trouvé cette petite boutique.
-Mais on n'avait pas besoin de venir en Angleterre, il aurait continué à nous entretenir à distance.
-C'est plus compliqué que ça Okuni…
-Enfin tant pis…nous nous débrouillerons sans comme tu dis.
-Okuni…
Mais la jeune fille n'écoutait déjà plus et avait recouvert ses oreilles de ses vieux écouteurs.