Wagon 5

Toutes ces personnes en pleur, ces enfants dans les bras de leurs parents, ces mères qui cherchaient à voir dans quelle cabine se trouvait leur progéniture, ces pères trop fiers pour se laisser envahir par l'émotion…Tout ça, Okuni ne connaissait pas. Certes sa mère s'était toujours montrée très attentive envers elle, elle allait parfois jusqu'à céder à ses caprices stupides mais son père en revanche n'était qu'une ombre, une présence invisible dans sa vie. Ce fut pourquoi elle regarda tout d'abord ces sorciers avec un regard de dégoût pur et simple. Tout comme ces hommes en costume prêts à repartir, les autres ne se sentaient-ils pas obligés au fond de ravaler leurs larmes? N'était-ce pas humiliant d'afficher sa vulnérabilité à des inconnus? Plus elle circulait entre eux et plus elle se sentait mal à l'aise. Au fond ce dégoût, cette méprise provenait d'un désir inassouvi. Elle était gênée d'avoir pensé de manière aussi désagréable. A près tout, que leur importait le fait d'être ridicule? Ces gens allaient quitter leurs enfants pour un an, c'était long pour une famille, même si les vacances offraient l'occasion de se revoir. Ce fut donc honteuse qu'elle grimpa dans la locomotive, tirant sa lourde valise derrière elle.

Si elle s'était finalement rendue clémente sur le quai, dans le couloir Okuni était sans pitié. L'excitation de tous ces élèves l'irritait. Elle ne connaissait personne, elle était différente de part son origine bien que certain d'entre eux soient asiatique, mais par-dessus tout, elle était la seule à ne pas pouvoir dire qui était son père, elle en avait la conviction. Si jamais l'un de ces garçons ou l'une de ces filles venait lui demander qui elle était et essayer de faire plus ample connaissance avec elle, elle ne pourrait remplir convenablement cette tâche, ce qui l'excédait encore plus que toute cette agitation. Inutile de chercher à comprendre ce qui la mettait dans un tel état de nervosité, les rentrées s'étaient toujours déroulées ainsi pour la petite japonaise. Sa mère avait bien essayait de lui faire comprendre que l'école n'était pas une mauvaise chose, mais rien n'y avait changé, pas même les cadeaux de Mrs Terrins, elle détestait toujours autant les études et encore plus lorsque l'on lui retirait les cours de langues.
Poussant un élève de si de là en prétextant ne pas l'avoir fait exprès, elle échoua devant une cabine qui semblait vide. Quelle chance! C'était l'occasion rêvée pour se reposer et se retrouver loin de toute cette foule. L'occasion rêvée de se vider l'esprit de toutes ses pensées noires et malsaines qui contribuaient à noircir son humeur. Elle fit coulisser la porte et se "jeta" à l'intérieur avant de refermer, trop brusquement peut être, la cloison qui la séparait des autres. La foule ne l'avait jamais accommodé et ce n'était pas maintenant que ça allait changer, alors que malgré un déménagement prompt et exclusif sa vie n'avait pas différé d'un cheveu. Que pouvait-elle dire de toute façon? "Alors comme ça tu vas à Poudlard?"? Ridicule…Evidement que toutes les personnes présentent dans ce train se rendaient à Poudlard…
La pensée du château la fit soudainement frissonner. Pas un frisson d'horreur, ni de peur mais d'excitation. Car même si l'idée de se rendre dans ce coin perdu encore plus indétectable que la voie 9 ¾ ne l'enchantait pas, elle ne pouvait nier la sensation fascinante que procurait un départ à l'aventure. Elle ne savait rien de ce qu'elle allait trouver là-bas, pas même qui en était le directeur, alors elle devait bien l'admettre, c'était dans les bras de l'inconnu qu'elle s'abandonnait entièrement. Peut être lui avait-on parlé une fois d'une certaine forêt maudite ou interdite lorsqu'elle était encore au Japon, mais cette seule information n'arrangeait en rien la crainte de ce qu'elle allait découvrir. Il fallait qu'elle se calme. Il lui restait encore plusieurs heures de trajet et quelqu'un allait sûrement finir par la rejoindre dans sa cabine, contraint par le nombre important des élèves en dépit des uniques vingt compartiments. Elle n'osait même pas imaginer la tête qu'elle ferait si un élève la surprenait en train de paniquer. Il fallait garder la tête froide mais surtout haute! Elle devait garder le contrôle d'elle-même pour faire comprendre aux autres qu'elle préférait la tranquillité et le calme; car on se sait jamais, peut être devrait-elle remédier à la force.

Elle monta donc sa valise dans le porte bagage et s'installa confortablement à côté de la fenêtre, qui devait certainement être la place la plus convoitée. Inspirant et soufflant fortement, elle réussit à ralentir les battements de son cœur et à réduire les doses d'adrénaline qui se déversaient dans son sang et qui contractait ses muscles. Elle devait à tout prix se changer les idées, et seule une chose pouvait l'y aider: le théâtre. En revanche, elle ne supportait plus ce qu'elle écrivait depuis quelques jours, elle se résigna donc à lire une pièce déjà écrite par le non moins célèbre et ancien Molière, en français et qui se nommait "le Tartuffe". Plongeant donc corps et âme dans sa lecture, elle en oublia les présences bruyantes, imposantes et étouffantes des élèves dans le couloir, ainsi que la cohue qui se désagrégeait lentement sur le quai, comme des grains de sables soufflés par le vent.

[Que vlà pour toi Nathanaël, maintenant poste quand tu peux! ]

Le retour, d'Ecosse jusqu'à la résidence de Lilian, avait équivaut à l'aller, comme si rien ne s'était passé, ou presque. Nathanaël ne passa pas la fin de ses vacances avec le Serpentard puisque pour une fois, son père avait pu miraculeusement se libérer. C'est avec une joie immense, bien qu'il ne cacha pas que cela ne l'aurait pas déplu de rester avec son "cousin", qu'il le retrouva. Nathanaël passa donc le reste de ses vacances chez lui. Son père comptait bien y rester, pour une fois qu'il pouvait se poser quelque part, et qui plus est avec son fils. Il n'y eu pas de longues discussions durant lesquelles ils se racontèrent ce qu'il s'était passé les mois précédents. Les deux parents se contentaient de sourires et passaient se longues heures à table. Ces vacances étaient peut-être bien les meilleures qu'il ait vécu. Aucun important personnage n'avait manqué à l'appel, son père et Lilian avaient été présent, et les lieux qu'ils avaient habités s'étaient montré sous leur meilleur jour... la résidence en Ecosse manquait presque à Nathanaël, et surtout, la mer.

Les deux cousins s'étaient tous les deux rendu à la gare de King's Cross, comme bien d'autres voyageurs. Malheureusement pour l'un et heureusement pour l'autre, le Poufsouffle avait été retardé par la foule. Celui-ci se retrouva seul, obligé de se débrouiller par lui-même. Après tout, il aurait tôt ou tard l'occasion de le revoir... par inadvertance ou non. Arrivé jusqu'au Poudlard Express, Nathanaël n'attendit pas pour entrer dans le fameux train. Il n'avait personne à qui dire au revoir... chacun était déjà parti de son côté. Enfin, les longues étreintes ne lui manquaient pas. (quoique D8 ) Son objectif à présent était de se trouver une place. Le Poufsouffle espérait passer un voyage plutôt tranquille. Il s'aventura le long des couloirs, bondés d'élèves qui se privaient pas pour se bousculer. C'était la cohue. Pourtant, chacun était sûr d'y trouver sa place mais l'excitation dû à la rentrée faisait défaut à tout le monde. Ne voulant plus s'attarder, Nathanaël décida d'ouvrir une cabine se trouvant à sa gauche. Il fut surpris, non pas désagréablement, d'y retrouver une charmante fille, seule, plongée dans la lecture d'un certain ouvrage. Le Poufsouffle ferma la porte derrière lui et s'approcha de la "studieuse" inconnue, en quête d'un important renseignement :

"Bonjour !... Est-ce que je peux m'installer ?"

Nathanaël se demanda si elle pouvait l'entendre. Lui, lorsqu'il se trouvait une occupation, le reste du monde importait peu. Du français ?! Si cette fille ne l'accueillait pas les bras ouverts, il pouvait se consoler en sachant qu'ils avaient tout de même quelque chose en commun, et de quoi essayer de parler ! Et lui-même, à cet instant, paraissait-il d'un tempérament sémillant ? En tout cas, là, il était simplement fatigué d'avoir traversé la marée d'élèves dans les couloirs, et la foule sur le quai. Cela le soulagerait si cette élève le laissait s'installer, sans avoir recourt à un quelconque pretexte, comme celui de devoir attendre quelqu'un. Après avoir remarqué la lecture moldue de celle-ci, Nathanaël posa son regard sur sa chevelure, noir de jais. Ses cheveux révélaient ses origines asiatiques et cela lui fit irrémédiablement penser à Akira, "excentrique" et touchant élève de Serdaigle, rencontré un an plus tôt. Cette fille venait peut-être de cette maison, qui sait ? Poussé par la curiosité, Nathanaël n'attendit donc plus que la jeune fille lui réponde, si elle dégnait bien sûr lever la tête de sa pièce de théâtre. Il voulait faire connaissance.

[excuses-moi pour toutes les fautes 8DD"]

[Pas de prob pour moi! ]

Que cet Orgon pouvait être nié! Il était insupportable pour la jeune fille de suivre l'aventure d'un homme qui se refusait à la vérité, bien qu'elle l'ait déjà lu en entière à maintes reprises. C'était pour elle une source d'inspiration. Il était plus ou moins difficile de mêler suspens et humour dans une même pièce, mais Molière y parvenait toujours avec une étonnante finesse. Il était l'auteur préféré d'Okuni, et il était pourtant de notoriété publique que la jeune japonaise était difficile surtout lorsqu'il s'agissait de sélectionner ses idoles. Un cheveu de travers pouvait la décourager et lui faire tourner son intérêt vers un domaine bien différent de celui de base. Pourtant, malgré cette exigence, elle s'accordait le plaisir de lire de tout et ce afin d'élargir son horizon culturel. La tragédie, la comédie, la tragi-comédie…tous ces styles de pièces ne lui étaient pas inconnus. Il suffisait de l'interroger pour recevoir une définition plus ou moins complète.
Ce fut donc avec agacement que la jeune fille dévora ligne après ligne de son livre, n'empêchant rien à la difficulté voir à l'impossibilité de la tirer de sa lecture. Ainsi, Okuni ne constata la présence d'un jeune garçon que lorsque celui-ci prit place sur la banquette en face d'elle. (on va dire ça à moins que tu ne veuilles pas! :p) Elle sursauta en l'apercevant mais reprit très rapidement son aspect rigide et impassible. Il semblait avoir son âge, quoi que légèrement plus jeune…ou plus vieux, elle n'aurait su le dire, perdue dans la contemplation de sa chevelure noire tout comme la sienne. Ses yeux verts profonds l'intriguèrent par la suite et elle resta un court instant immobile, le regard fixe pointé sur lui. Se rendant alors compte de son attitude, elle tenta d'en adopter une plus dégagée, non détendue, juste de façon à lui faire comprendre qu'il ne fallait pas la chercher.
Sa présence était troublante. Lui avait-il demandé la permission de s'installer? Dans lequel cas elle ne l'aurait pas entendu et ne lui aurait pas répondu! Son comportement serait alors impoli et elle n'aimait pas que l'on puisse s'imaginer ça d'elle. Cependant il ne paraissait pas "vexé", seulement fatigué. Il devait s'être frotté d'un peu trop près à la foule d'élève qui grouillait encore dans le couloir. D'autres arrivants l'accompagnant allaient-ils faire leur entrée? Elle déplaça son regard vers le quai et constata que la masse impressionnante des parents rassemblés n'était plus à présent aussi compacte mais très largement décomposée. Le train n'allait donc pas tarder à partir, du moins elle l'espérait.

Elle reporta son attention sur le jeune garçon. Son expression de fatigue ne s'était-elle pas atténuée pour laisser place à une sorte de "vivacité? Etrange…Mais Okuni se demandait surtout si elle devait prendre la parole et ce qu'elle devait dire. Lui avait-il posé une question? S'était-il adressé à elle? Elle se trouvait dans une situation et un rôle qui lui déplaisait fortement. Ne pas savoir quoi faire correspondait étroitement à la perte de sang froid, ce que ne supportait pas la japonaise. Que devait-elle faire? Elle commença par fermer son livre pour le déposer silencieusement sur ses genoux puis releva la tête en direction du jeune garçon. Le silence qui régnait entre eux deux l'insupportait sans qu'elle puisse le briser. Elle n'avait pas peur de parler, ni même d'être mal jugée, tout ce qu'elle souhaitait était de ne pas passer pour ce qu'elle n'était pas, et accueillir une personne qui lui était inconnue n'était pas dans ses habitudes. Elle se contenta donc d'observer son compagnon sans afficher la moindre expression. La prendrait-il pour une muette? Peut être, mais peut être l'était-elle au fond.
Le train s'ébranla mais Okuni ne bougea pas. Le bruit des roues sur les rails vint percer le vide qui s'était installé entre eux et détendit légèrement la jeune fille. Elle se décida alors à parler et le son délicat de sa voix vint se mêler au brouhaha naissant.

-Euh…Salut.

Ce fut le seul mot qu'elle prononça mais s'en était déjà bien assez. Elle n'avait pas nécessairement l'intention de débuter une conversation et était heureuse d'avoir pu briser le silence oppressant qui lui pesait de plus en plus sur les épaules. Elle n'afficha pas non plus de sourire. Non pas qu'elle n'était pas heureuse de le voir là mais s'il n'était pas entré cela ne l'aurait pas dérangé non plus.

Peut-être que le hasard avait bien fait les choses, ou peut-être pas. En tout cas, vu la situation, il fallait mieux en profiter et ne pas rester indifférent... en d'autres termes, les deux camarades s'étaient retrouvé dans le même compartiment et puis voilà. Nathanaël n'allait pas ouvrir de livre, la présence d'Okuni l'occupait déjà. Elle-même allait par la suite fermer son ouvrage. Après un long moment, celle-ci sorti de sa lecture, visiblement étonnée de voir dans son champ de vision un jeune homme faire son apparition. Etait-ce sa simple présence qui l'avait surprise ou alors le physique "particulier" du garçon ? Les deux jeunes gens s'observaient avec une certaine curiosité... les cheveux, le bout de leur nez... mais avec réserve. Les premières rencontres sont pleines de découvertes où chacun essaye de cerner son interlocuteur. Enfin, les mots sont souvent les plus évocateur de la personnalité, mais d'un côté, ne rien dire vaut bien un long discours.

Le train venait de démarrer, d'après les roues qui grincèrent et le bruit de la vapeur qui vint s'y superposer. C'était d'ailleurs toujours étonnant d'avoir encore affaire à un engin de cet âge et avec cette technique... mais au fond, c'était la Magie qui contrôlait tout ça... alors assez des stupides réflexions! Passé ces futiles pensées, Nathanaël eut la grande chance d'entendre le son de la voix d'Okuni. Elle venait de le saluer, et ce simple "salut" semblait lui avoir demandé toute son énergie; Etait-elle timide ? Ou simplement ne voulait-elle pas parler pour ne rien dire ? Quelle sage décision. Assis sur la banquette, le jeune garçon laissa un temps son regard se perdre sur le "paysage" offert à travers la vitre. Le train sortait de gare et personne d'autre n'avait pris place dans le compartiment.

"Bonjour... Je me présente, Delcourt Nathanaël, piètre préfet de Poufsouffle. Ravi de faire ta connaissance."

Plein de bonne volonté, Nathanaël en disait encore un peu trop sur sa situation et pas forcément sous son meilleur jour. Il espérait que cette "note d'humour" ouvre Okuni à son camarade... Tous les moyens étaient bons !

(sorry pour le rp débile .. ;_; )

[Y a pas de rp débile, tous sont intéressants y comprit le tien! (même si tu estime pouvoir mieux faire! :p)]

Préfet? A quoi cela pouvait-il correspondre? En terme général, un préfet était un haut magistrat romain, un prêtre chargé de la discipline ou tout simplement un directeur d'athénée, lycée. Cela voulait-il dire qu'Okuni se trouvait en présence de son directeur? Car oui, durant les vacances une étrange lettre lui avait été envoyée à laquelle elle n'avait put répondre que sincèrement, sans aucuns mensonges ou expressions dérivant un tant soit peu de son caractère. Ainsi, on lui avait poliment annoncé qu'elle entrerait à Poudlard sous "l'étendard de la maison Poufsouffle, aux couleurs noires et jaunes". Elle n'avait pas très bien comprit ce que cela signifiait mais avait fait ses recherches au niveau de la scolarité britannique puisqu'il lui était impossible de trouver la moindre information au sujet de Poudlard lui-même. Oxford avait divisé ses internats en différentes maisons, peut être en était-il de même avec sa future école de sorcellerie.
Ainsi donc Nathanaël était le préfet de Poufsouffle. Devait-elle faire attention à ce qu'elle disait? Savait-il qu'elle faisait partie de cette maison elle aussi? Et surtout, surtout, que voulait dire ce "piètre" qu'avait ajouté son interlocuteur? N'était-il pas doué dans ses fonctions? Elle avait très clairement distingué cette petite touche de mélancolie qui se lisait dans ce regard vert mais n'avait pas imaginé une seule seconde que ce jeune garçon soit du genre à se sous-estimer, à dire du mal de lui, bien que son apparence le fasse passer pour fétiche. Un manga très répandu au Japon, expliquait que, comme les boulettes de riz, chaque être humain cachait sa véritable valeur dans son dos et qu'il lui était par conséquent impossible de la connaître à moins qu'un autre ne l'y aide. La Japonaise sourit intérieurement. Puisqu'ils partageaient la même maison, devrait-elle aider Nathanaël à voir le bon en lui? Pour cela il lui faudrait le voir elle-même et elle n'en était encore qu'à la surface.

Dehors le paysage défilait de plus en plus vite jusqu'à n'être plus qu'un ruban mêlant vert, bleu et autres couleurs symbolisant certainement les maisons. Le temps ne semblait pas propice à la promenade car déjà quelques gouttes de pluie venaient échouer sur le carreau transparent de la fenêtre. Quelle atmosphère sinistre ce climat créait-il continuellement! Il fallait donc qu'elle réponde à Nathanaël afin de briser de nouveau le silence qui refaisait surface lentement, et surtout, afin de se présenter à son tour, par politesse.

-Je m'appelle Okuni Kâto, et je suis une future élève de Poufsouffle en deuxième année.

Voilà qui était fait. Elle était certaine que si elle avait prit plus de temps pour répondre, le jeune préfet l'aurait prise pour une amorphe ou aphone, totalement dépourvue d'énergie. Elle n'affichait pas la moindre expression, pas le moindre sourire ni signe de mécontentement, seulement un air simple très légèrement basé sur la défensive. Elle ne savait pas quoi dire aux gens qu'elle ne connaissait pas et établir le contact était loin de ses habitudes. Au Japon, sa seule amie était une jeune fille comme elle, qui ne parlait pas beaucoup sauf pour échanger quelques commentaires à propos des élèves de leur classe. Bref, si elle comptait un jour connaître son compagnon de voyage et inversement, de l'eau devrait couler sous les ponts, chose ici qui ne tarderait pas à arriver puisqu'il pleuvait constamment dans ce pays…

Si on demandait ce que "préfet" signifait pour Nathanaël, il répondrait que ce n'est qu'un titre comme un autre. Les "préfets" avaient quelques responsabilités en plus, mais pas de quoi prendre la grosse tête. Au fond, s'il se présentait en tant que tel, c'était pour confirmer qu'on pouvait bien aller lui parler ! En tout cas, en voilà une raison de plus ! Bref, n'importe qui à Poufsouffle aurait pu tenir ce rôle, mais par un mystérieux hasard, ça avait été lui. Soudainement, le garçon baissa la tête, comme s'il aurait mieux valu qu'il se taise. Se frottant les mains sans raison apparente mais sûrement du à sa gêne, il releva son visage, prêt à affronter la Poufsouffle. La jeune fille lui répondit enfin, pour lui annoncer également son nom complet et sa "future" maison. Poufsouffle ?! Nathanaël sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine. Il croisait toujours des Serpentards ou bien des Serdaigles, mais à part dans la salle commune ou en cours, rarement des gens de la maison des blaireaux. Aujourd'hui, par le plus grand des hasards, il se retrouvait nez à nez avec une de ses futures camarades. S'il avait su ! Tout d'un coup, il se leva et tendit sa main, prêt à serrer celle d'Okuni. Drôle de situation... Qu'est-ce que penserait l'élève qui ferait irruption dans la cabine ? Que les deux jeunes gens étaient en train de sceller on ne sait quel pacte.

"J'espère que tu passeras une excellente année, Okuni ! Et puis, nous avons le même âge, nous allons donc partager les mêmes cours !" s'exclama le Poufsouffle, visiblement ravi.

Est-ce que la jeune fille était contente de cette "nouvelle" ? Il ne le saurait jamais. Le train roulait depuis un long moment déjà. Le temps n'était plus vraiment clément. N'était-il pas temps d'enfiler leur robes de sorcier? Si par malheur certains s'ennuyaient à cette heure, cela était en quelque sorte une façon de s'occuper et de bien marquer la rentrée. Ils allaient bientôt rentrer à Poudlard. En tout cas, à cet instant, Nathanaël pouvait se dire que l'année commencait déjà très bien.

A peine Okuni eut-elle finit de se présenter, qu'elle crut apercevoir un éclair de "joie" traverser le regard de son interlocuteur. Et alors, sans prévenir personne, il se redressa soudainement tendant sa main pour récupérer la sienne et la serrer, tout en la balançant de bas en haut comme le faisaient les grandes personnes qui souhaitaient se donner des airs. Mais cette poigne témoignait non pas d'un sentiment vaniteux, mais plutôt d'un plaisir soudain, comme si Okuni venait de lui annoncer une bonne nouvelle. "Ma foi…" peut être que Nathanaël n'avait pas beaucoup d'amis, voir aucuns compte tenu de sa réaction face au fait qu'elle partage ses cours et sa maison. S'en était désolant pour lui, elle ne lui voyait pour l'instant aucun défaut contraignant si ce n'est ce manque de confiance en soi dans l'allure. Mais elle savait mieux que quiconque comme les gens, et en particulier les adolescents, pouvaient être injustes et sans pitié des fois, elle en avait fait les frais à plusieurs reprises. Enfin… elle qui se plaignait de ne plus avoir le moindre ami avec qui parler ou partager ses impressions, cela ne lui ferait pas de mal d'être plus sociale.
Elle repoussa une mèche de cheveux qui lui barrait la vue derrière son oreille et décala son livre sur la banquette. Aucun sourire ne se lisait sur son visage, mais comme toujours, on ne pouvait pas y lire de désenchantement non plus, de quoi en déstabiliser certain. C'était la seule façon qu'elle avait trouvé pour dissimuler aux autres ses pensées, choses ici précieuses qu'elle préférait garder secrète et ce surtout en rapport à la vie ambiguë qu'entretenait son père avec sa mère. Jamais elle n'aurait cru devoir un jour dévoiler sa façon de penser aux autres, mais peut être que cette année serait différente, sa vie allait très certainement changer ainsi que ses notes, qui sait? Elle se racla le fond de la gorge et réfléchit à quelque chose à répondre à son nouveau camarade et collègue de maison.

-Euh…Est-ce que…à quoi correspondent les maisons?

Et oui, sa curiosité avait prit le dessus. Curiosité ou plutôt crainte de l'avenir. Elle ne supportait pas l'idée de devoir se rendre dans un lieu dont elle ignorait et les coutumes, et la localisation. Certes, des personnes qualifiées allaient s'occuper d'eux, mais n'avait-elle pas dû se débrouiller seule pour trouver la voie 9 ¾ ? Tout cela lui semblait si étrange bien qu'elle ait déjà effectué une année scolaire dans l'école de sorcellerie du Japon. Qui savait ce qui l'attendait là-bas, à l'autre bout de ces railles, dans ce pays aux coutumes anciennes plus que présentent? Seul Nathanaël pouvait la guider et elle ne le lâcherait pas de si tôt!

-Oh et puis...merci...j'espère que tu passeras une bonne année toi aussi...

Le comportement quelque peu étrange de Nathanaël ne semblait pas gêner Okuni. En tout cas, elle avait l'air de l'accepter comme il était. Se considérait-elle comme la seule étrangère ? Bref, ils appartenaient tous deux au monde des sorciers et rien que cela établissait un certain lien entre les deux êtres. Le Poufsouffle était trop expressif en comparaison d'Okuni... mais peut-être s'exprimait-il pour les deux personnages... Nathanaël était bien trop naturel... A vrai dire, les mauvaises habitudes revenaient après deux mois de vacances qui semblaient déjà bien lointains. Enfin, être seul face à une personne inconnue aiguisait sa curiosité. Bref, il ne tarda pas à se rasseoir, remarquant que sa sémillante personnalité était un peu trop envahissante. Le sourire toujours présent sur les lèvres, il écouta la réponse d'Okuni. "A quoi correspondent les maisons ?" En voilà une question digne de ce nom. Au moins cela établissait clairement le fait qu'elle devait venir de loin. N'avait-elle jamais entendu parler de Gryffondor ? De Serpentard ? Sûrement, mais comment faire pour se rendre compte de la signification de ces noms lorsque l'on n'est pas confronté aux personnages de ces maisons. C'était un point qui intéressait beaucoup Nathanaël, mais se plonger dans la description des maisons pourrait sembler bien subjectif, et puis, on tombe vite dans les stéréotypes. Le Poufsouffle s'apprêta alors à un long discours.

"Eh bien, il y en a quatre ! Gryffondor, Serpentard, Serdaigle et Poufsouffle. Les courageux se trouvent à Gryffondor. ... c'est soi-disant la maison par excellence ! Serpentard rassemble les perfides, les rusés... A vrai dire, il ne vaut mieux pas se retrouver seul face à un des leurs... J'en sais quelque chose. Les instruits et les sages sont à Serdaigle. Enfin... Poufsouffle, c'est comme un pot pourri ! Il semblerait que l'on soit travailleur mais justement pour rattraper notre "retard". Dit-il, sans y penser vraiment. En tout cas, tous les gens y sont bien sympathiques ! Je suis fier de ma maison !"

Poufsouffle avait toujours eu une mauvaise image dans le coeur des gens. Ils ne brillaient pas par des exploits, mais ils avaient au fond pour eux un certain sens de la justice. Être à Poufsouffle, c'était un mode de vie ! Ce sentiment patriotique rattaché aux maisons était moins présent à Poufsouffle. Les gens étaient plus libres, plus vivants. Ils se souciaient peu des maisons, même si ils trouvaient que les Serpentards avaient une facheuse tendance à se ressembler tous. Un jour, tout le monde voudra aller à Poufsouffle ! Quel bel idéal. Bref, après de longues heures de voyage, Okuni le remerciait ! Si elle ne le lâcherait pas de sitôt, il ne la laisserait pas tomber non plus. C'était plutôt à lui de la remercier. Il aurait pu gâcher son voyage! Et si elle avait été trop fatiguée pour parler ?! En tout cas, le Poudlard Express arrivait de nouveau en gare. Okuni allait pouvoir bientôt voir Poudlard dans toute son immensité de ses propres yeux. Il en était sûr, elle allait s'y plaire ! Nathanaël avait enfilé sa robe de sorcier. Il était prêt. Tout en saluant Okuni, il pria pour qu'ils se revoient au plus vite. "A bientôt !" Sur ce, il se leva.

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