Habitation..février..Evan et Katalina Alexandreï..Pensionnat

Pendant les vacances de février ...

Comme les vacances de février approchaient, Evan avait écrit à sa mère pour lui dire qu'il avait envie de rentrer à Paris. Cette fois-ci, Sarah n'avait émis aucune objection et lui avait répondu qu'elle l'attendait au pensionnat le deuxième jour des vacances. Evan n'avait pas mentionné Katalina ... il était sûr que s'il parlait d'elle, sa mère trouverait une excuse et ne pourrait pas les accueillir pendant les vacances. C'était tout à fait son genre. Le Serpentard avait donc appris la nouvelle à sa soeur, en lui expliquant pourquoi il n'avait rien dit d'elle à leur mère, et après avoir fait leur valise, ils avaient pris le Poudlard Express comme tous ceux qui rentraient chez eux.

Pendant le voyage, Evan n'avait pas beaucoup parlé, l'air préoccupé, mais il en avait tout de même dit un peu plus à Katalina sur leur mère :
Sarah Blackapple n'avait pas supporté très longtemps leur père, ou bien c'était l'inverse, et ils s'étaient séparés avant la naissance des jumeaux. Leur mère était professeur de Métamorphose dans un pensionnat pour jeunes sorciers, en plein Paris. Elle n'était pas très courageuse et n'avait jamais d'avis fixe sur telle ou telle chose : elle changeait d'opinion quand ça lui plaisait. D'après Evan, elle ne l'aimait pas beaucoup.

Quand ils arrivèrent à Londres, il fallut changer de gare et aller prendre un train moldu : l'Eurostar, pour se rendre à Paris. Le voyage prit encore quelques heures, mais cette fois il n'était plus question de parler de magie, de Poudlard ou du pensionnat. La pluie qui s'abattait sur les vitres rendait le voyage encore plus ennuyeux. Evan fit tout de même un effort de conversation : il parla un peu à Katalina de leur père, qu'il n'avait pas revu depuis qu'il avait six ans. En effet, William Emilien Alexandreï voyageait beaucoup et n'écrivait pour ainsi dire jamais. Ce n'était pas pour ça qu'il était détestable, au contraire, Evan appréciait beaucoup son père. Seulement, il aurait aimé le voir plus souvent ...

Arrivés à Paris, le soleil était revenu. Ils étaient déjà en fin d'après-midi, il n'y en aurait bientôt plus, mais c'était largement mieux que la pluie ... Mais le plus dur était à venir : ils devaient prendre le métro. Evan l'avait déjà fait, mais il n'aimait pas ça du tout. Il y avait beaucoup trop de gens pressés qui les bousculaient, eux, les pauvres sorciers qui ne savaient pas quel chemin prendre. Heureusement, Evan avait un papier sur lequel il était écrit les panneaux qu'il devait suivre, mais quand même .... Une fois à l'intérieur de la rame de métro, il soupira. Seulement deux stations. Rien que ça. Ils descendirent à Saint-Paul et utilisèrent les escaliers plutôt que l'escalator : c'était moins risqué.

A partir de là, Evan connaissait le chemin par coeur, ce n'était pas très difficile et puis il y avait habité cinq ans ... Lorsqu'ils passèrent devant la boulangerie au coin de la rue, Evan précisa qu'il s'agissait sûrement d'une des meilleures boulangeries qu'il connaissait, mais qu'ils faisaient des pains au chocolat et à la framboise vraiment mauvais ... Le Serpentard, contrairement au reste de l'année où il était à Poudlard, avait un petit sourire affiché sur les lèvres. Revenir là lui rappelait de bons souvenirs, il aimait bien ce quartier. Ils prirent la rue du Prévôt, une rue assez étroite où les immeubles étaient tellement proches que le soleil n'éclairait pas le sol. Puis ils tournèrent et empruntèrent la rue Charlemagne. Evan s'arrêta devant la grille de l'ancien lycée. Il était encore écrit "Lycée Charlemagne" en lettres dorées, quoique le doré commençait à s'effacer. Comme la rue était déserte, il fit signe à Katalina de le suivre et il passa au travers d'un mur non loin.

Ils se retrouvèrent dans la cour du pensionnat. La vue des vieux bâtiments élargit encore plus le sourire d'Evan. Décidément, malgré le fait que les professeurs l'avaient toujours fait travailler beaucoup plus qu'il ne l'aurait voulu, il aimait vraiment cet endroit.

- J'ai passé cinq ans ici ... pas vraiment à travailler comme l'aurait voulu notre mère mais bon ! Il désigna une fenêtre au quatrième étage, du bâtiment le plus éloigné. Là c'était ma chambre, mais en général j'allais dormir avec les autres dans le dortoir, ajouta-t-il en montrant une autre partie de l'étage. Bon, allons-y ! Les "appartements de Mlle Blackapple" se trouvent au quatrième étage !

Il avait prononcé "les appartements de Mlle Blackapple" avec un peu de moquerie dans la voix. Vraiment, on traitait sa mère comme une princesse ici, alors qu'il n'était pas sûr qu'il y ait de quoi ... Ils allèrent jusqu'au fond de la cour et entrèrent dans le bâtiment pour prendre un escalier. Ici, ils pouvaient utiliser la magie, alors Evan ne se gêna pas et lança un "Wingardium Leviosa" sur son sac qu'il trouvait trop lourd à son goût. Comme, au deuxième étage, ils passaient devant un écriteau "Salles de physique-chimie", Evan expliqua :

- Ici, c'était un lycée moldu, avant. Et quand il a fermé, c'est un sorcier qui l'a repris et qui en a fait un pensionnat sorcier. Mais il a jamais enlevé les panneaux comme celui-là ...

Ils atteignirent enfin le quatrième étage. Rien n'avait changé, ce fut la première chose qu'Evan constata. Il jeta un coup d'oeil par la fenêtre : il voyait toujours aussi bien le collège moldu, mais comme c'était les vacances, il était aussi désert que la rue. Par contre, quiconque regarderait la fenêtre depuis la rue serait incapable de voir Evan. Le jeune Alexandreï, toujours suivi de sa soeur, marcha jusqu'au bout du couloir où se trouvait donc "les appartements de Mlle Blackapple". L'écriteau indiquait cette fois "Mlle Blackapple - Métamorphose". Evan jeta un coup d'oeil à Katalina puis frappa à la porte. Aucune réponse. Il recommença, plusieurs fois, mais rien. Il soupira et déclara :

- Elle doit être sortie ... on va l'attendre à l'intérieur ...

Comme sa chambre était dans les appartements de sa mère, il possédait la clé. Il la fit tourner dans la serrure et les deux Alexandreï entrèrent. C'était un grand salon dont les fenêtres donnaient sur la cour, avec deux canapés face à face, une table près des fenêtres et des portes qui donnaient sur la cuisine, la salle de bain, la chambre de leur mère et la chambre d'Evan. Aux murs et sur la cheminée, il y avait de nombreuses photos, représentant souvent Evan avec son père, ou Evan avec sa mère, ou juste leur père. Il y avait aussi les parents de Sarah, des membres éloignés de la famille, des paysages photographiés en voyage ... Evan se laissa tomber dans un canapé et dit :

- Y'a plus qu'à patienter. Elle devrait être là vu qu'elle a dit qu'elle m'attendait ... elle exagère.

Puis il se releva, se disant que Katalina aimerait peut-être savoir à quoi ressemblaient leurs parents. Il se dirigea donc vers la cheminée et prit l'un des cadres posés dessus. La photo représentait William Emilien et Sarah, le premier l'air vraiment ennuyé ... on avait l'impression qu'on l'avait obligé à se mettre devant l'objectif. Evan la tendit vers Katalina :

- Tiens, si tu veux voir à quoi ils ressemblent, nos parents ...

Quelques jours avant le début des vacances de février, Evan était venu trouver Katalina pour lui proposer de passer quelques jours à Paris, autrement dit, pour voir leur mère. La jeune fille avait eu comme première réaction de se mettre à sourire béatement mais s’était vite reprise. Tout d’abord Sarah Blackapple ignorait tout de la venue de sa fille et il ne fallut pas longtemps pour que Kat se mette à douter. Quelle allait être la réaction de cette femme qui avait abandonné sa fille et qui pensait ne jamais la revoir ? De plus, Evan semblait certain que lui omettre sa venue était la seule solution pour que toutes deux puissent se rencontrer.

La jeune Alexandreï avait donc gardé ses sentiments pour elle, ce mélange d’impatience et de crainte qui l’empêcha de dormir les deux nuits précédents le voyage. Durant le trajet, Evan ne fut guère versatile, ce qui n’était pas pour déplaire à sa sœur, qui avait du mal à parler tant sa gorge était sèche. Elle s’était contentée d’écouter son frère lui narrer ce qu’il savait de leur mère. On sentait une espèce d’amertume dans la voix du Serpentard, comme si il avait peu d’estime pour sa génitrice. Cela différait totalement lorsque le garçon parlait de leur père : William Emilien Alexandreï. Le contraste était frappant et Kat buvait les paroles de son jumeau, essayant d’imaginer cet homme sans cesse en voyage avec cette femme qui semblait préférer la routine quotidienne.

Leur périple se poursuivit au cœur de Paris, dans les souterrains du metro qui plurent beaucoup à Katalina. Malgré l’odeur peu agréable qui flottait, elle s’était beaucoup amusée à essayer de savoir où menait ce dédale de galeries. Cela lui avait aussi permit de penser un peu à autre chose qu’à la prochaine confrontation avec sa mère. Evan la conduisit ensuite près d’un lycée délabré, pour la faire entrer dans le pensionnat. Laissant son frère lui montrer les lieux où il avait grandi, Kat conserva le silence. Ils montèrent au quatrième étage et à leur arrivée la jeune fille sentit le souffle lui manquer. Elle essaya de se convaincre que cela venait des escaliers, mais elle savait parfaitement pourquoi maintenant elle entendait son cœur battre à ses oreilles.

Evan toqua à la porte des appartements de Sarah. Une fois, deux fois, trois fois…. sans réponse… Alors ils entrèrent grâce à la clef qu’il possédait. Kat entra lentement dans la pièce, illuminée par le soleil de Paris grâce aux nombreuses fenêtres. Elle posa doucement son sac et resta immobile près de la porte, posant un regard à la ronde. Tout ce qu’elle vit lui sembla des plus normal, même les photos sur les murs et la cheminée. Des photographies d’Evan, de son père, de sa mère. Et aucune d’elle bien évidemment… Sentant une boule se former dans sa gorge, Kat refoula sa tristesse. Après tout, si elle était ici, c’est qu’elle avait retrouvé sa famille.

Elle prit ensuite le cadre que lui tendait Evan et le fixa. En effet, le couple semblait mal accordé, ou bien simplement pas sur la même longueur d’onde. Cachant cette tension qui ne la quittait plus depuis qu’elle avait passé la porte, elle demanda :
« est-ce qu’ils se parlent encore ? Nos parents je veux dire… C’est étonnant de trouver des photos de Willi.. de notre père ici, non ? »

La question de Katalina laissa Evan pensif. Depuis qu'il était venu habiter avec sa mère, bien contre son gré d'ailleurs, il ne l'avait presque jamais entendue parler de William. Ou alors, en mal : selon elle, ce n'était qu'un égoïste, un hypocrite qui ne méritait pas qu'on s'intéresse à lui. On aurait vraiment dit qu'elle le haïssait. Mais dans ce cas, pourquoi gardait-elle des photos de lui ? Quant à savoir s'ils se parlaient encore ... Evan pensait que non. Les bribes de conversation qu'il avait déjà entendues entre sa mère et une autre professeur, à propos de son père, lui apprenaient que Sarah n'avait plus aucune nouvelle de lui. Et ça ne l'étonnait pas : pourquoi William lui écrirait-il ? Peut-être pour avoir des nouvelles de son fils ... mais ça ne devait pas l'intéresser plus que ça. Il fit la moue et répondit :

- Bah, ça fait longtemps qu'on a plus de nouvelles de lui ... Il écrit jamais. On dirait qu'on ne l'intéresse plus ...

Il s'arrêta un moment. Il n'avait pas parlé de la lettre qu'il avait reçue de William une semaine plus tôt, parce qu'elle ne s'adressait qu'à lui, mais aussi parce qu'elle ne contenait pas grand chose d'intéressant : simplement, William lui confiait un objet et lui demandait de n'en parler à personne. Il ne disait absolument rien sur lui, sur ce qu'il faisait ... Evan reprit :

- Pour les photos, effectivement, c'est bizarre, puisque notre mère n'en parle jamais qu'en mal ...

Le garçon redevint silencieux. Il avait entendu du bruit dans le couloir, Sarah revenait-elle enfin ? Les pas s'arrêtèrent devant la porte, la clé tourna dans la serrure ... et la porte s'ouvrit. Une femme d'une trentaine d'années apparut alors. Elle avait des cheveux châtain clair, mi-longs, mais surtout, des yeux bleus - pas aussi clairs que ceux des jumeaux - et un petit air de famille. Il était clair que les deux enfants ressemblaient davantage à leur père, mais il était tout aussi clair que c'était bien leur mère qui venait d'entrer. En premier lieu, Sarah se figea. Elle ne devait pas s'attendre à voir sa fille ici ... sa fille qu'elle avait abandonnée alors qu'elle n'avait pas un an. Un silence tendu s'était installé, personne ne savait vraiment quoi dire ... ce fut Sarah qui brisa le silence :

- Katalina ....

Aussitôt suivie par Evan :

- Pourquoi tu ne m'as jamais parlé d'elle ?!

La colère se faisait sentir dans sa voix mais Sarah ne put que faire un petit sourire crispé. Son regard allant d'un enfant à l'autre, elle leur demanda finalement de lui laisser une chance de s'expliquer. Elle les fit asseoir et, en évitant de les regarder cette fois, elle prit la parole :

- Pour commencer ... votre père n'a jamais été au courant qu'il y avait deux enfants. Il était déjà parti lorsque vous êtes nés, et lorsqu'il est revenu et a constaté que ... que je n'avais pas les moyens d'élever un enfant, il est parti avec Evan. Il aurait aussi bien pu partir avec toi, ajouta-t-elle en regardant Katalina. Mais tu dormais et ton père n'a vu qu'Evan, et n'a pas cherché plus loin, puisqu'il pensait qu'il n'y en avait qu'un ... Je ne lui ai rien dit, j'avais tellement envie de ... de garder au moins l'un de vous deux ...

Elle fit une courte pause, elle arrivait à un moment de l'histoire qu'elle n'aimait pas ... En effet, elle n'était pas très fière de ce qu'elle avait fait. Elle reprit tout de même :

- Et puis, après un moment ... je me suis rendu compte que votre père avait raison : je ne pouvais pas élever un enfant. J'avais à peine assez d'argent pour payer le loyer, alors ... je ... je t'ai confiée à des amis sorciers, qui t'ont eux-même confiés à une famille de sorciers. Je n'ai jamais cherché à savoir qui ... je ... j'aurais pu essayer de te revoir, mais j'avais tellement honte de moi ... Je suis désolée, sincèrement. Quand j'ai commencé à enseigner ici, je me suis dit que j'aurais dû te garder ... mais pour moi, c'était trop tard. J'espère ... que tu ne m'en veux pas trop ... enfin ... si c'est possible ...

Elle releva la tête et observa sa fille. Elle ressemblait vraiment à Evan ... et à son père. Toujours l'air désolé, et avec son petit sourire que le Serpentard n'aimait pas, elle ajouta :

- Encore une chose dont je dois m'excuser ... une mère normale t'aurais peut-être ... je ne sais pas ... serrée dans ses bras en pleurant ... Je ne suis sûrement pas une bonne mère, et je suis encore sous le choc ... Mais si je peux ... si tu as des questions ... enfin ... demande moi ce que tu veux.

Bien malgré elle, Katalina demeura silencieuse, le regard qu'elle n'arrivait pas à poser sur sa mère perdu dans le vide. Quand Sarah était entrée dans la pièce, la jeune fille s'était figée, incapable de mouvement, observant fixement cette femme dont elle ignorait tout. Pas un mot ne franchit ses lèvres, même lorsque Sarah laissa échapper son prénom et que son frère demanda des explications. Docilement, elle s'était assise et avait écouté le récit de sa mère.

Complètement incrédule, elle apprit que son père n'avait pas le moindre soupçon quant à son existence, que seules les circonstances avaient fait que ce soit elle qui eut été adoptée et non Evan et enfin que Sarah l'avait abandonné pour des raisons pécunières. Tout ce tenait dans cette histoire et pourtant, Kat ne comprenait pas.
Elle avait toujours cru que ses retrouvailles avec sa mère effacerait toutes ses interrogations et ce n'était nullement le cas. Dans son esprit, tout n'était qu'anarchie. S'y mêlaient la joie d'avoir enfin rencontré Sarah, l'incompréhension, certainement un peu de colère aussi... Mais surtout, Kat avait désespérement besoin de cette figure maternelle dont elle avait tant manqué: cette femme qui vous serre dans ses bras et vous console. A l'évidence ce n'était pas une chose naturelle pour Sarah Blackapple...

Katalina, les yeux baissés, chercha quelque chose à quoi se raccrocher. Presque inconsciemment, elle posa sa main sur celle d'Evan et serra ses doigts avec force. La voix chevrotante, elle demanda:"Alors... il ne sait rien? Mon père ne sait pas que j'existe?"

Ravalant difficilement sa salive, elle continua:
"Pourquoi ne pas lui avoir dit la vérité après m'avoir aban.. confiée? Et pourquoi m'avoir laissé ça?" elle sortit l'anneau qu'elle portait à une chaine autour de son cou.

Evan avait suivi les explications de sa mère d'une oreille plus qu'attentive. Première révélation : son père n'était pas non plus au courant ! Il ne savait rien du tout ! Ce qui expliquait pourquoi il ne lui avait jamais rien dit ... Il apprit que ce n'était qu'un hasard si c'était lui qui avait habité avec ses parents, et pas Katalina. Il essaya d'imaginer un instant quelle aurait été sa vie si les rôles avaient été échangés, mais il se rendit qu'il ne savait rien sur la famille adoptive de Katalina et que donc, il ne pouvait même pas en avoir une idée ...

Il n'aimait pas la façon dont parlait sa mère. Il avait l'impression qu'elle jouait la comédie et qu'elle n'était pas sincère ... ça l'énervait. Mais de toute façon, sa mère l'avait toujours énervée, depuis qu'il était arrivé au pensionnat et qu'elle lui avait dit qu'elle était si heureuse qu'il soit là ... Comme elle l'avait si bien dit, elle n'était pas vraiment une bonne mère. Rien que parce qu'elle n'avait même pas essayé de reprendre Katalina alors qu'elle en avait largement les moyens.

Soudain, il sentit la main de Katalina serrer la sienne. Il ne bougea pas, ça devait être dur pour elle. Qui sait ce qu'elle avait imaginé avant de voir sa mère ? Evan aurait dû la prévenir que Sarah était comme ça. Mais il n'avait imaginé qu'elle réagirait de cette façon ... Lui qui pensait connaître sa mère, il n'avait pas été capable de prévoir ça. Ce fut sûrement à ce moment qu'Evan se dit que s'il devait être le seul membre de la famille à tenir à Katalina, eh bien il ne pourrait pas y changer grand chose. Et que s'il n'avait pas été très présent jusque là, il était toujours temps de changer.

De son côté, Sarah se contenta de hocher négativement la tête à la première question de Katalina. Si elle s'était attendue à voir sa fille arriver ! Elle aurait au moins réfléchi à ce qu'elle pouvait lui dire, mais là ... Puis elle répondit :

- Comment aurais-je pu lui dire quoi que ce soit ? Je ne l'ai revu que brièvement lorsqu'il est venu avec Evan pour me le laisser. Depuis, je n'ai plus de nouvelles de lui.

Katalina montra alors un anneau qu'elle portait en général autour du cou, et que Sarah parut reconnaître aussitôt. Elle avait aussi remarqué le geste de sa fille un peu plus tôt et jeté un bref coup d'oeil à Evan. Si elle savait sur qui elle s'appuyait ... Sarah avait une assez mauvaise estime de son fils : pour elle, c'était son père tout craché. C'était sûrement pour cela qu'elle ne l'aimait pas, parce qu'il lui rappelait William sans arrêt ... Sarah reprit :

- Quant à ça ... Je ne sais pas, je ne voulais pas ... t'abandonner complètement ... Je faisais déjà une bien piètre mère, je voulais au moins te laisser quelque chose ... que tu saches qu'on ne t'avais pas simplement confiée à quelqu'un et fin de l'histoire, même si ... même si j'ai vite abandonné l'idée de te revoir ...

Elle soupira et ajouta, s'adressant à ses deux enfants :

- Combien de temps restez-vous ? Il faut ... que j'aille faire quelque chose. Je reviens dans un quart d'heure ... Excusez-moi ...

Elle se leva un peu précipitemment et se dirigea vers la sortie. Elle était vraiment déboussolée et avait besoin d'être un peu seule pour reprendre ses esprits. Evan n'en revenait pas. Comment pouvait-elle les laisser en plan comme ça ? Alors qu'elle venait juste de retrouver sa fille, elle ne pensait qu'à partir ? Lorsqu'elle fut partir, il se tourna vers Katalina, l'air désolé.

- J'y crois pas ... Comment est-ce qu'elle peut être aussi ... désagréable ?

Il soupira et continua :

- Maintenant, à toi de voir combien de temps tu veux rester. A moi, ça m'est égal, sincèrement. Je n'aime pas spécialement notre mère mais si tu veux rester plus longtemps ...

Difficile de savoir lequel des jumeaux était le plus désolé. Evidemment que ces retrouvailles ne s'étaient absolument pas passées comme Katalina l'avait prévu. Bien sur qu'elle aurait aimé voir sa mère se précipiter vers elle pour la prendre dans ses bras! Mais ce que la jeune fille avait surtout désiré, c'étaient des explications, des réponses à ses interrogations. Et Sarah ne lui avait même pas offert la satisfaction de la compréhension. Cette histoire, bien que tout à fait rationnelle, ne convenait pas à Kat. Il y avait trop d'étrangetés. Pourquoi, si sa mère était si désolée, n'avait-elle pas cherché à la retrouvé? Pourquoi avoir tout caché à leur père? Et cet histoire d'anneau également.

Kat secoua la tête et soupira, soudainement très lasse. Elle lança un regard reconnaissant à Evan, qui semblait plus être en colère pour la réconforter que pour autre chose.
"Je... je ne crois pas qu'on puisse dire qu'elle a été désagréable... simplement très...hum... franche... Après tout j'ai débarqué sans prévenir.."
Oui, c'était certainement de sa faute... Enfin, c'était ce que la jeune Alexandreï préférait se dire. Cela valait mieux que de penser que sa mère était insensible ou totalement indifférente quant au sort de sa fille.
Ces retrouvailles lui laissaient un gout amer. Pour le moment, il semblait que seul Evan se soucie un temps soit peu d'elle. Il restait encore à rencontrer William! Mais Kat n'était plus très sure d'en avoir envie... Il se pourrait bien qu'il ait le même genre de réaction que son ancienne compagne.

"Pour ce qui est du séjour, je ne sais pas trop... J'ai bien l'impression que je la dérange alors..."

Le regard perdu dans le vide, Evan réfléchissait. Katalina n'avait pas l'air d'avoir très envie de rester, et il la comprenait, vu l'attitude de sa mère ... Rien ne la retenait là. Mais il leur avait fallu du temps pour venir, et surtout, obtenir les billets pour les différents trains qu'ils devaient prendre n'était pas si facile. Au pensionnat, il y avait un ordinateur avec lequel on pouvait avoir accès à internet, mais Evan n'était pas doué avec les technologies moldues et s'énervait très facilement lorsqu'il l'utilisait. En général, les élèves du pensionnat n'avaient pas le droit d'y toucher, seul le directeur l'utilisait, mais Evan étant le fils d'un des professeurs ... il avait quelques "privilèges". Ou ils pouvaient aussi aller à la gare ... Il répondit donc :

- Au plus tôt, on peut repartir après-demain. Le temps d'avoir les billets de train ...

Mais en attendant, qu'est-ce qu'ils allaient bien pouvoir faire ? Paris était une grande ville qui plus est réputée pour être l'une des plus belles au monde, ils pouvaient toujours se promener ... Ou sinon, ils pouvaient aussi jouer au Quidditch, à condition que le directeur les y autorise. Evan n'était pas sûr qu'il y soit très favorable, à moins qu'il y ait quelques élèves du pensionnat qui étaient encore là, pas partis en vacances comme les autres. Il fit la moue, décidément, quelles vacances !

- Le problème, c'est de savoir quoi faire demain. Et même ce soir ...

Il regarda sa montre, puis, prit d'un doute, il jeta un coup d'oeil à l'horloge accrochée au mur. Comme il le pensait, il avait oublié de changer l'heure ... il était donc huit heures ! Et non pas sept. Il s'étira, fatigué, et ajouta :

- Il va être l'heure de manger. Comme il reste toujours des élèves ici pendant les vacances, y'a quand même un repas à la cantine tous les soirs. Et je sais pas pour toi, mais moi ça me dit rien de manger en tête à tête avec elle ...

Il parlait bien sûr de sa mère, il ne l'avait pas vue pendant plusieurs mois et il avait déjà envie de s'en éloigner. Et puis, s'il allait manger à la cantine, il pourrait voir des élèves du pensionnat qu'il connaissait ... Il regarda sa soeur en quête d'une réponse - positive si possible, parce qu'il savait qu'il hésiterait si Katalina disait qu'elle préférait manger avec leur mère.

La perspective des jours à venir bloquée ici avec leur mère semblait rebuter Evan, encore plus que Katalina. Celle-ci serait bien restée, mais Sarah s'était montrée si... si peu accueillante! Toutefois quelques jours passés en compagnie de son frère dans l'école de son enfance ne lui semblait pas une mauvaise idée. Peut-être lui parlerait-il un peu plus de lui et lui ferait visiter les lieux.

Au moment même où Evan lui parlait de repas, son ventre se mit à gargouiller. Un petit sourire contrit passa sur son visage:"Je suis tout à fait partante pour la cantine!"

Comme Katalina approuvait l'idée de la cantine, Evan se leva avec un petit sourire. Ils revinrent dans le couloir et il remarqua que, contrairement à un peu plus tôt dans le journée, on entendait des pas dans les couloirs du pensionnat. C'était bien l'heure de manger, les élèves qui restaient pendant les vacances descendaient à la cantine. En dehors des vacances, ça faisait un véritable vacarme : les élèves terminaient enfin leur temps d'étude obligatoire, pendant lequel il devait faire leurs devoirs, et étaient donc affamés ... ce pourquoi ils couraient dans les escaliers pour descendre. Evan sourit à nouveau. Avoir revu sa mère l'avait mis de mauvaise humeur un moment, mais retrouver les souvenirs du pensionnat le lui faisait oublier. Les jumeaux prirent donc les escaliers, sans courir comme les autres et sans croiser personne puisqu'il n'y avait pas d'élève au quatrième étage.

Enfin, au rez-de-chaussée, ils passèrent par la cour pour prendre un autre escalier qui descendait d'un demi-étage. La cantine était à moitié au sous-sol, elle avait tout de même des fenêtres qui donnaient sur la cour. C'était une grande salle, assez grande pour accueillir plusieurs centaines d'élèves à la fois. Il n'y avait pas de grandes tables comme à Poudlard, mais des dizaines de tables de quatre à huit places. Il y avait une trentaine d'élèves déjà installés qui ouvrirent des yeux ronds lorsqu'ils remarquèrent les deux Alexandreï. Premièrement parce qu'ils ne savaient pas qu'Evan était là, et deuxièmement parce qu'ils ne s'attendaient pas à voir une copie d'Evan avec des cheveux plus longs ! Quelques professeurs restés aussi étaient assis à une table dans un coin ... eux aussi considéraient les jumeaux avec curiosité. Evan décida de ne pas y prêter attention et ils s'installèrent à une table pas trop éloignée des élèves.

- Il faut attendre que tout le monde soit là pour que le repas soit servi, expliqua Evan à sa soeur.

Il observa les élèves présents. Il en connaissait la plupart, sauf bien évidemment les nouveaux arrivés en septembre. Dans un coin, il y avait le groupe de filles connus pour être "les fans de l'équipe de Quidditch". Elles étaient dans les gradins à chaque match et c'était sûrement elles qui hurlaient le plus. Un peu hystériques, complètement folles et en admiration totale devant les joueurs de l'équipe, Evan avait dû se cacher pour les éviter pendant un long moment. Ce soir là, elles les regardaient, lui et Katalina, en chuchotant fébrilement. Lorsqu'Evan les regarda, elles se mirent à glousser en se retournant brusquement. Le Serpentard leva les yeux au ciel. A une autre table étaient réunis les élèves les plus sérieux du pensionnat, ceux qui étaient là parce qu'ils le voulaient, pas parce que leurs parents voulaient qu'ils fassent de grandes études. Ils méprisaient particulièrement Evan qui avait été l'un de ceux qui travaillaient le moins ...

L'équipe de Quidditch n'était pas là. C'était bien dommage, Evan aurait bien aimé avoir des nouvelles ... il y avait forcément de nouveaux membres puisqu'ils avaient été trois à partir l'année précédente. Il allait ouvrir la bouche pour parler à Katalina quand un garçon un peu moins âgé entra dans la cantine et se précipita vers eux. Cheveux marron et yeux de la même couleur, il avait l'air bien content de le voir.

- Evan ! T'aurais pu me prévenir que tu revenais ! Qu'est-ce que tu deviens ? T'es à Poudlard c'est ça ? La classe ! T'es dans quelle maison ?

Puis il aperçut Katalina et ouvrit grand les yeux. Il tomba en arrière de surprise. Ou plutôt, il s'était fait tomber par terre, parce que c'était un comédien sur les bords et qu'il ne savait pas être sérieux, de toute façon. Il se releva et cligna des yeux à plusieurs reprises.

- Bon, ça va, y'a pas de quoi en faire toute une histoire, fit Evan qui se doutait que de toute façon, tout le monde aurait à peu près la même réaction, à la différence près qu'ils ne se laisseraient pas tous tomber par terre.

- Qu'est-ce que tu racontes ? s'exclama le garçon. Bien sûr qu ...

Mais un professeur lui ordonna de s'asseoir ce qui lui coupa la parole. Le garçon s'exécuta et choisit une place à côté d'Evan. Comme tout le monde était là, le repas fut servi par trois elfes de maisons qui s'affairaient autour des tables. Il y avait un choix entre plusieurs viandes et accompagnements. Les elfes couraient pour poser des plats sur toutes les tables. En temps normal, il y en avait beaucoup plus, mais eux aussi avaient des vacances ... les mentalités avaient changé depuis le temps. Les elfes de maison avaient beaucoup plus de libertés. Le garçon aux cheveux bruns se servit largement et prit la parole :

- Je savais pas que t'avais une soeur, Evan ... elle est à Poudlard elle aussi ?

- Hey, tu peux lui parler, aussi, elle va pas te manger. Evan se tourna vers Katalina. Je te présente Guillaume, il était dans l'équipe de Quidditch avec moi ... enfin lui il y est toujours. Et Guillaume, je te présente Katalina.

Suivant docilement Evan qui la fit sortir des appartements de leur mère, Katalina entendit tout comme lui les élèves descendrent les escaliers pour aller dîner. Leurs pas étaient précipités, tous semblaient d’arriver à la cantine. En marchant à ses côtés, Kat remarqua également que son jumeau était d’humeur moins sombre depuis qu’ils étaient sortis, comme si l’ambiance du pensionnat le rassérénait.

Les deux enfants descendirent plusieurs volées de marches, pour atteindre la cantine. La disposition de celle-ci était différente de celle de Poudlard et plu beaucoup à la jeune serdaigle qui n’aimait pas trop l’idée que les élèves de différentes maisons ne puissent pas manger ensemble. Bien qu’il n’y ai pas beaucoup d’élèves, Katalina ne put s’empêcher de marcher bien derrière son frère, comme pour se dissimuler aux regards fixés sur elle. Si il y avait vraiment une chose qu’elle n’aimait pas, c’était être le centre de l’attention ! Elle se laissa entraîner par Evan vers une table, s’installa et attendit patiemment que tous les élèves soient là, comme lui expliqua son frère. Celui-ci semblait pensif, son regard s’attardait sur les autres tables et Kat se demanda à quoi il pouvait bien penser. * Certainement aux années passées ici…*

Au moment où elle s’apprêtait à lui poser la question, un jeune garçon brun les aborda. A la vue de Kat, il se laissa tomber en arrière pour marquer sa surprise. Gênée, la jeune Alexandreï baissa les yeux. Finalement, le garçon s’installa à côté d’eux et continua à poser des questions. Plutôt que de répondre à Guillaume, Evan se tourna vers elle en faisant les présentations. Bien obligée maintenant d’ouvrir la bouche, Katalina fit un effort pour ne pas se mettre à bégayer, mais elle ne put empêcher ses joues de devenir cramoisies.

« Salut ! Enchantée de te connaître Guillaume » sentant qu’il attendait une réponse à sa question, elle poursuivit : « Oui, je suis à Poudlard avec Evan, mais nous ne sommes pas dans la même maison. Il est à Serpentard tandis que je suis à Serdaigle. Alors comme ça tu était avec lui dans l’équipe de quidditch ? »
Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Kat. D’une part parce qu’elle avait réussi à parler sans truffer ses phrases de « heu » évasifs, et d’autre part parce qu’elle abordait son sujet favori – après les livres – le quidditch.

Evan commença à manger lui aussi en écoutant sa soeur répondre à Guillaume. Le garçon avait l'air de très bonne humeur, et cela faisait sourire Evan. Ce dernier était heureux d'avoir retrouvé le pensionnat, même s'il n'y restait que deux ou trois jours. Tout lui rappelait de bons souvenirs, sauf peut-être lorsqu'il était arrivé dans les appartements de sa mère ... Celle-ci n'était pas assise à la table des professeurs. Elle avait sûrement préféré manger seule, pour ne pas subir les questions de ses collègues et les regards interrogateurs des élèves. Ce en quoi Katalina était bien plus courageuse, en dépit de sa timidité ! Mais peut-être aussi que la Serdaigle s'était dit que si elle ne voulait pas aller à la cantine, Evan la laisserait tomber et y irait tout seul ... Comme Katalina abordait le sujet du Quidditch en demandant à Guillaume s'il avait bien été dans l'équipe de Charlemagne avec Evan, le "Carolingien" - comme le directeur appelait les élèves - fit un grand sourire et répondit :

- Exact ! Maintenant qu'Evan est parti, je sors de l'ombre et je deviens enfin le joueur vedette de l'équipe, ajouta-t-il en riant. Je suis enfin capitaine !

Evan fit un demi-sourire, entre le sourire et la moue plus exactement. Ça avait été bien amusant d'être capitaine de l'équipe, tout de même ... Il avait été déçu de voir sa dernière année au pensionnat arriver. Il se consola en se disant que s'il continuait à bien jouer, qu'il participait activement aux victoires de Serpentard, peut-être qu'un jour il pourrait être capitaine de l'équipe. Mais ... leur capitaine actuel était en deuxième année. Il n'était pas prêt de partir ...

- Au fait, Evan ! fit soudain Guillaume. Tu sais qu'on va peut-être être interdit de jouer au pensionnat ? On pourra plus organiser de matches !

Evan fronça les sourcils, c'était impossible ! Il n'était pas là lorsque le terrain de Quidditch de Charlemagne avait été installé, mais il savait que le directeur y avait travaillé très longtemps, qu'il avait longuement insisté auprès du Ministère pour avoir l'autorisation ... et que ça lui avait coûté bien cher ! Le terrain était en réalité au-dessus de la cour. Il ne se voyait pas d'en dessous ni de la rue, bien sûr, mais dès que l'on montait au dessus des toits, on voyait apparaître les poteaux au bout desquels il y avait les anneaux de buts. Tout ce qui s'y passait était invisible aux moldus. Charlemagne y avait organisé de nombreux matches et depuis qu'ils gagnaient la coupe de Paris, le match d'ouverture se jouait toujours au pensionnat.

- N'importe quoi ! Ça m'étonnerait, après tout le mal que le directeur s'est donné ...

Guillaume fit "non" avec sa fourchette, pour faire comprendre à Evan qu'il se trompait. Puis il avala ce qu'il avait dans la bouche et répliqua :

- C'est le Ministère. Tu sais ce qui s'est passé ? Y'avait un match contre Victor Hugo ...

- Une autre école de sorciers pas très loin d'ici, précisa Evan à l'attention de Katalina.

- Et un de leurs poursuiveurs, cet abruti, est rentré dans une des fenêtres de l'église Saint-Paul ! Il a cassé un vitrail et il a fallu effacer la mémoire de tous ceux qui étaient là ...

Evan ne put s'empêcher de rire en imaginant la scène. L'église Saint-Paul était juste à côté du pensionnat, tellement proche que le directeur l'appelait parfois "l'église Charlemagne" sans y faire attention. Et personne ne le corrigeait pour ne pas le froisser. Effectivement, l'église était vraiment juste derrière les buts de Charlemagne lorsqu'ils jouaient au Quidditch sur leur terrain ... mais de là à rentrer dans une fenêtre ? Ce poursuiveur devait vraiment avoir un problème ! C'était amusant dans un premier temps, mais c'était vraiment problématique. A cause des problèmes qu'ils avaient eu avec les moldus, et parce que l'incident avait prouvé que leur terrain n'était pas très sécurisé, le Ministère voulait leur interdire de l'utiliser ! C'était la réputation de Charlemagne qui était en jeu, en réalité, parce que le pensionnat était reconnu pour son équipe de Quidditch ... une équipe qui n'avait même plus de terrain ? Evan soupira et se servit un verre d'eau.

- Et toi, alors, continua Guillaume en se tournant vers Katalina. Tu fais du Quidditch, aussi ?

Curieuse, Katalina suivait l'histoire de Guillaume avec attention. Ainsi, Evan avait été capitaine de l'équipe de quidditch de son école... La jeune Alexandreï comprenait un peu mieux les regards en coin des filles aux autres tables, qui par ailleurs n'avaient toujours pas cessé de rire comme... *comme des petites poules...* ne put elle s'empêcher de penser. Ainsi, les matchs allaient certainement être interdits....
Une petite grimace se dessina sur le visage de Kat:
*La magie n'est elle pas utile pour ce genre de situation? Pourquoi n'ont ils pas protégé les alentours?...*
Cela devait certainement présenter des difficultés, puisqu'il s'agissait d'une grande ville, mais tout de même... Les capacités des grands sorciers du ministère pouvaient largement dépasser ces problèmes d'urbanisation.

Toutefois, elle ne put pas non plus s'empêcher d'éclater de rire à l'image d'un poursuiveur s'encastrant dans un vitrail. Puis Guillaume s'adressa à elle et lle lui répondit, un léger sourire sur les lèvres:
"Oui!!! Depuis... depuis si longtemps que je ne me rapelle plus quand j'ai commencé! Vous m'avez d'ailleurs l'air tous les deux aussi passionés que moi! Tu en fais de puis longtemps aussi Evan, non?"

Evan fit un petit sourire. Il se rendait compte qu'ils n'avaient jamais parlé de Quidditch, avec Katalina. D'ailleurs, ils ne se parlaient pas beaucoup, parce qu'ils se voyaient surtout en cours, et que ce n'était pas le meilleur moment pour discuter. En dehors des cours, ils n'arrivaient pas à se croiser, c'était tout de même assez étrange. Bon, ils n'essayaient pas beaucoup, c'était vrai ... et même ? S'ils arrivaient à avoir un peu de temps pour parler, comme par exemple pendant le voyage pour venir à Paris, c'était de la famille qu'ils parlaient. Quoi de plus normal, évidemment, puisque Katalina n'avait pas connu ni son père ni sa mère et que les jumeaux allaient justement rendre visite à Sarah ? Evan et Katalina n'agissaient pas vraiment comme des frère et soeur, mais ça viendrait, avec le temps. En tous cas, c'était ce que se disait Evan.

Ainsi, elle jouait au Quidditch depuis qu'elle était toute petite. En la voyant sur un balai, en cours de Vol, Evan s'était bien douté qu'elle en faisait depuis longtemps. Ça se voyait, d'ailleurs, elle était plutôt douée. Il répondit :

- Oui, ça fait assez longtemps. J'ai commencé quand j'habitais encore en Angleterre, avec notre père. Et puis j'ai continué quand je suis arrivé ici, c'est-à-dire vers six ans.

William lui avait appris à voler très tôt, mais c'était sûrement l'un des seuls loisirs de ce dernier, maintenant qu'Evan y pensait. Son père avait été poursuiveur de Serpentard à Poudlard mais n'avait pas continué le Quidditch, alors qu'il n'était pas mauvais du tout. Il avait tout de même gardé un balai chez lui, et savait où on pouvait voler sans risque, pas très loin de sa maison, en Angleterre. Evan avait tout de suite aimé voler et y était retourné le plus souvent possible. Lorsqu'il était arrivé au pensionnat, il avait cru qu'il ne monterait plus jamais sur un balai. Mais on lui avait expliqué que non seulement il y avait des cours de Vol, mais qu'on jouait au Quidditch, au pensionnat ! Il avait travaillé dur et il était entré dans l'équipe au début de sa deuxième année. Peu de temps après, il était nommé capitaine. Cette décision du directeur avait étonné tout le monde et on avait pensé que c'était à cause de la mère d'Evan. Le garçon s'était donc traîné une assez mauvaise réputation jusqu'à ce que l'équipe gagne un premier championnat - celui d'Île-de-France. On avait ensuite reconnu qu'il méritait sa place, même s'il subsistait des rumeurs ...

- Tu continues le Quidditch, Evan, j'espère, fit Guillaume. T'as pas raté les sélections de ta maison, quand même ?

Le Serpentard haussa les sourcils. Lui, rater les sélections ? N'importe quoi ! Il n'y en avait même pas eu ... mais s'il y en avait eu, Evan ne les aurait pas ratées. Il en était certain. De toute façon, il n'y avait pas beaucoup d'élèves qui avaient voulu entrer dans l'équipe. Ils avaient même eu du mal à réunir une équipe complète ! Il répliqua :

- Bien sûr que oui, je suis dans l'équipe. Comme si j'allais laisser tomber comme ça !

Le repas allait sur sa fin. Certains élèves se levaient déjà. Le groupe filles qui n'avaient cessé de regarder plus ou moins discrètement vers leur table passa près d'eux. Elles avaient bien fait rire Evan pendant un moment mais c'était vers la fin. Au début, lorsqu'il était entré dans l'équipe, elles avaient été horribles. En première année, elles ne s'étaient pas gênées pour l'insulter - comme d'autres, d'ailleurs - lorsqu'il passait dans les couloirs, comme quoi il était favorisé, qu'il ne méritait même pas de jouer au Quidditch au pensionnat, et encore d'autres choses du même genre ... Elles avaient bien changé d'attitude depuis. Evan ne comptait pas leur jeter un seul regard mais elles s'arrêtèrent devant la table, juste à côté de lui, et il fut bien obligé de tourner la tête. La plus grande, certainement la plus idiote, mais qui faisait office de chef du groupe, lui adressa un sourire.

- Je suis heureuse que tu sois revenu nous voir, Evan ! s'exclama-t-elle sur un ton si mielleux que c'était insupportable. J'espère que tu passes de bonnes vacances !

Puis elles s'éloignèrent sans attendre de réponse, et sans se priver d'observa Katalina avec mépris. Evan soupira en entendant leurs gloussements idiots et se retourna vers sa soeur et Guillaume. Celui-là ne se gêna pas pour commenter, à haute voix :

- Mais quelles abruties. Tu les as entendues ? "Je suis heureuse que tu sois venu nous voir", imita-t-il en prenant une voix encore plus idiote que celle de la fille.

[J'pense qu'on va essayer de terminer assez rapidement maintenant ... vu que les vacances font finies dans la réalité aussi >_<]

Ainsi Evan aussi pratiquait le quidditch depuis longtemps. Cela correspondait assez à l'idée qu'elle se faisait de lui et puis, elle l'avait vu voler! Katalina , quant à elle, avait commencé en cachette sur le vieux comète de Sophia, sa "soeur". Elle n'en était pas très fière, et se gardait bien de crier sur tous les toits qu'elle s'était retrouvée perchée sur le toit par une erreur de navigation! En songeant à cet épisode, Kat ne peut s'empêcher de sourire un peu naïvement.

Le teint de Kat reprit sa couleur pivoine habituelle lorsque les "charmantes demoiselles" s'approchèrent de la table et s'adressèrent à Evan en lui jetant, à elle, un regard plein de dédain, qui toucha la jeune fille, bien plus qu'elle ne l'aurait voulu. Elle essaya de sourire à la plaisanterie de Guillaume mais le coeur n'y était pas. Son but à elle avait été de découvrir le pensionnat, le lieux où avaient vécu son frère et sa mère. Pas se retrouver ainsi regardée de haut par des, par des... *par des poules!* ne put-elle s'empêcher de penser à nouveau.

Terminant son assiète, elle posa doucement ses couverts et reporta à nouveau la discussion sur le quidditch, le seul sujet auquel elle pouvait réellement participer. Les trois jeunes gens parlèrent du futur tournoi à Poudlard et on débattit du devenir de celui du pensionnat de Charlemagne. Les jumeaux laissèrent Guillaume s'en aller vers son dortoir et ils bifurquèrent vers les appartements de leur mère.

"Il est vraiment sympa ce guillaume! Vous deviez être de bons amis!"

[désolée pour le retard!!! J'ai mis beaucoup de temps à te répondre... Bon j'ai un peu abrégé le repas mais si ça ne te convient pas dit le moi et j'éditerai!^^]

Après que le repas ait pris fin, ils quittèrent la cantine et les deux Alexandreï se séparèrent de Guillaume alors qu'ils atteignaient le troisième étage. Le pensionnat était ainsi divisé : premier et deuxième étages, salles de cours ; troisième étage, dortoir ; et quatrième, appartements des professeurs. Evan regarda son ami partir avec une légère pointe de déception, alors qu'il se rappelait le temps où lui-même allait dormir dans le dortoir des garçons de son année. Il ne pouvait pas le faire cette fois, parce que ça voudrait dire qu'il devrait laisser Katalina soit dormir avec leur mère soit dormir dans le dortoir des filles, ce qui était totalement inimaginable. Evan et sa soeur atteignirent le quatrième étage et le Serpentard répondit à Katalina :

- Ouais, dès le début il a été un des seuls qui m'ait pas craché dessus.

On pouvait sentir le mépris dans la voix d'Evan lorsqu'il évoquait sa première année au pensionnat. Sûrement l'une des pires de sa vie, à vrai dire. Il ajouta :

- Je sais pas si c'était parce je ne parlais pas trop, ou bien parce que j'étais le fils d'une prof, mais ça pas été marrant au début.

Il soupira et s'arrêta devant les appartements de leur mère. La porte était fermée à clé, il n'y avait donc personne. Evan fronça les sourcils, Sarah n'avait-elle pas dit qu'elle revenait rapidement ? Peut-être qu'en voyant qu'ils n'étaient plus là, elle était partie faire un tour ... un long long tour alors. Les jumeaux entrèrent et purent en effet constater que leur mère n'était toujours pas là. Evan fit quelques pas dans le salon et regarda sa montre, avant de se souvenir qu'elle n'était pas à l'heure, puis jeta un coup d'oeil à la pendule.

- Vu l'heure, dans cinq minutes, on aura plus le droit d'être dans les couloirs. Et le directeur n'est pas de ceux que j'avais envie de revoir, fit-il avec une petite grimace.

En effet il l'avait déjà assez vu, estimait-il. Evan s'était retrouvé dans son bureau à de multiples reprises, mais rapidement, il le laissait partir et en parlait plutôt à sa mère. Ce qui n'empêchait pas qu'Evan détestait se faire attraper par le directeur de Charlemagne. Le jeune Alexandreï se dirigea ensuite vers son ancienne chambre, suivi de Katalina. Il avait eu beau emporter le maximum de choses à Poudlard, il restait encore beaucoup d'affaires à lui : des posters de Quidditch qu'il avait laissés aux murs, ses vieux livres de classe qui, bien rangés dans un coin, semblaient n'avoir jamais servi, quelques protections de Quidditch et tout l'équipement aux couleurs de Charlemagne qu'avait porté Evan lorsqu'il jouait au pensionnat, et diverses choses encore ...

- Quand je suis arrivé, j'ai tout de suite décidé que je détesterai cette chambre. Mais c'était surtout parce que j'étais énervé ...

Il se souvenait en effet du jour de son arrivée, et de sa mère qui essayait désespérément de lui faire voir qu'il n'y avait pas que des côtés négatifs à sa situation. "Regarde cette grande fenêtre ! Tu as vue sur la cour et l'église ! Ce n'est pas joli ?" Evan s'était contenté de grommeler qu'il trouvait l'église affreusement laide et sa mère l'avait laissé tranquille. En réalité, il aimait bien l'église, ça lui manquait à Poudlard, de ne pas entendre les cloches toutes les heures. Il reprit la parole - il trouvait qu'il parlait beaucoup depuis qu'ils étaient arrivés au pensionnat, mais après tout, c'était normal, c'était un endroit qu'il aimait et parler de ses bons souvenirs, ce n'était pas désagréable :

- Je te laisse mon lit pour la nuit, moi je dormirai sur le canapé. Ou alors je prends le lit de notre mère et quand elle reviendra, elle sera bien obligée de dormir ailleurs, ajouta-t-il en prenant un air malicieux et calculateur.

Tandis qu’ils montaient les escaliers, Katalina regardait autour d’elle, s’empreignant de l’ambiance du pensionnat, qui lui semblait plutôt chaleureux. Ils se séparèrent de Guillaume, à qui elle souhaita une bonne nuit, et remarqua la pointe de déception dans le regard d’Evan qui suivait son ami en train de rejoindre les dortoirs. Bien qu’elle se sente un peu coupable de « l’obliger » à rester avec elle pour la nuit, elle lui était également reconnaissante de ne pas avoir eu à lui demander. Elle se voyait mal, toute seule avec sa mère dans ce lieu qu’elle ne connaissait pas. C’était très certainement ce que le garçon avait du se dire…
Ils arrivèrent ensuite aux appartements de Sarah, toujours vides de sa présence. La jeune Alexandreï ne put s’empêcher de penser que la jeune femme l’évitait, bien qu’elle se doutât que ce que sa mère cherchait surtout à éviter, c’était une confrontation avec Evan, qui ne se gênait pour dire ce qu’il pensait. Katalina, elle, gardait souvent ses pensées pour elle, pour ne pas dire tout le temps. Elle avait toujours été calme et silencieuse, évitant tout conflit, même avec ses sœurs – surtout avec elles en fait. Tous ceux qui avaient connu la famille Delahaye, ne se souvenait de Kat que comme : « la petite fille aux cheveux noirs, vous savez ! Celle que l’on entend pas beaucoup ! »

Ecoutant silencieusement son frère parler, Katalina répondit d’un petit « d’accord » lorsqu’il distribua les lits pour la nuit. Elle posa sa valise près du lit et en profita pour observer un peu la pièce. Elle reconnut quelques une des équipes de quidditch photographiées sur la papier glacé des posters et sourit en découvrant l’équipement d’Evan. Il faudrait vraiment qu’un jour elle se mesure à lui, sur un terrain, pourquoi pas celui de Poudlard ! Bon, elle devait avouer qu’en tant que batteuse, elle ne brillait guère ; mais elle n’avait pas son pareil pour repérer et attraper le vif d’or, ce qui, dans leur catégorie, signifiait encore la victoire pour son équipe. Kat songea qu’il lui faudrait remplacer son équipement à elle, se demandant qui se chargeait de leur en fournir un aux couleurs de leur maison….

Comme le jour déclinait, la jeune serdaigle alla se déshabiller enfiler son pyjama avant de rejoindre son jumeau. Restant un moment silencieuse, elle songea qu’elle se trouvait dans le lieu où Evan avait passé toute son enfance. Alors, elle garda un instant les yeux grands ouverts, comme pour photographier la pièce et pouvoir s’en rappeler à tout moment.
Puis elle alla retrouver son frère dans le salon et s’assit en tailleur sur le canapé. Elle regarda Evan et demanda d’une petite voix :

« Tu as des nouvelles de notre père de temps en temps ? Enfin.. est-ce qu’on peut le contacter par hibou ? »

Il faudrait bien qu’un jour quelqu’un lui apprenne qu’il avait une fille ! Et puis Kat, un peu refroidie par le comportement de a mère, entretenait le vague espoir que William lui offre un peu d’affection, tout comme il en avait donné à Evan.

Evan avait jeté ses chaussures dans un coin du salon avec le souvenir précis de sa mère qui lui demandait de les ranger dans le meuble à chaussures. Puis il était allé chercher un oreiller et une couverture. Malgré ce qu'il avait dit, il n'allait pas dormir dans le lit de sa mère, mais ça ne l'empêchait pas de prendre son oreiller et sa couverture. Elle n'aurait qu'à sa débrouiller sans, à son retour. Elle n'avait qu'à rester là. Evan ne s'attarda pas dans la chambre de sa mère, il ne la supportait pas et aurait eu en réalité bien du mal à y passer la nuit. Parce qu'elle lui rappelait trop de souvenirs, plutôt mauvais que bons. Comme lorsqu'il y avait eu un problème en cours, et qu'il était "convoqué" dans la chambre de sa mère, qui lui tenait lieu de bureau personnel. Elle y travaillait le soir, plutôt que de s'enfermer dans le bureau à côté de sa salle de cours, elle préférait s'enfermer dans sa chambre. Evan remarqua une photo de lui et son père, sur la table de chevet.

- C'est ridicule, marmonna-t-il pour lui-même, avant de faire demi-tour et de retourner dans le salon.

Comme si Sarah pouvait encore tenir à son père. Elle n'en avait strictement rien à faire, de lui. Lorsqu'elle en parlait, c'était sur un ton méprisant, elle n'était pas capable d'en dire du bien. Tout ce qui l'intéressait chez lui, c'était son argent. Car William Alexandreï avait hérité de sa famille une somme d'argent importante, deux maisons - dans le même village, presque côtes à côtes, mais il y en avait une dont il ne voulait pas approcher et ne parlait pas - et une paire de chaussettes de la part du frère de son grand-père, avec qui il ne s'était jamais entendu. Evan n'avait jamais rencontré son propre grand-père, le père de William. Mais d'après tout le monde, y comprit William, il s'agissait d'un incapable complètement paranoïaque qui avait peur de son fils. Evan ne savait pas grand chose sur sa famille du côté de son père. Il savait juste par Sarah que William avait une demi-soeur mais il ne l'avait jamais rencontrée non plus.

Evan se laissa tomber sur le canapé, la couverture et l'oreiller dans les bras, et il n'eut pas le temps de se décider à se relever qu'il fut rejoint dans le salon par Katalina. Il se redressa et laissa tomber la couverture en tas. La question de sa soeur le fit redevenir pensif un instant. Est-ce qu'il devait lui parler de la lettre qu'il avait reçue au cours du mois de janvier ? Après tout, c'était son père, elle avait le droit de le savoir ! Mais Evan ne voulait pas parler de la bague, c'était à lui qu'elle avait été confiée et ... enfin, il se sentait un peu bête mais il éprouvait toujours un peu de réticence lorsqu'il s'agissait de "partager" son père. Même s'il connaissait mieux Katalina. Il répondit finalement :

- Au début, je recevais une lettre de temps en temps, puis après quelques mois, je n'ai plus rien reçu. Mais ... y'a pas très longtemps, j'ai reçu une nouvelle lettre de lui. Enfin, je me suis vite aperçu qu'il n'y avait pas de quoi sauter de joie. Tout ce qu'il disait, c'était qu'il était désolé de ne pas avoir écrit plus tôt et qu'il n'avait pas le temps de venir me voir.

Evan se laissa aller contre le dossier du canapé, le regard fixant un point devant lui. Il ne parlerait pas de la bague, c'était décidé.

- Après cinq ans sans donner de nouvelle, je le trouve un peu gonflé de dire ça.

Evan sembla pensif quelques instants avant de répondre à Katalina. L’observant à la dérobée, la jeune fille se demanda ce à quoi il pouvait bien penser. Pour sûr, elle avait abordé un sujet qui touchait particulièrement le garçon. Kat l’avait toujours vu différent lorsqu’il parlait de William. Aujourd’hui encore, alors même que les deux jumeaux se connaissaient un peu mieux, le Serpentard semblait un peu réticent à lui parler de leur père. C’était comme si Evan voulait conserver le peu de ce qu’il savait de leur père pour lui. Loin de lui en vouloir, Kat comprenait sans peine cette façon de voir les choses. Si elle voulait tant en apprendre sur sa famille, lui devrait apprendre à faire avec une sœur et c’une certaine manière à « partager ». De plus, concernant Sarah, il n’y avait pas grand chose à partager, il était donc normal que son frère veuille garder pour lui le peu d’affection qu’il ait reçu.

Un peu perplexe, Katalina entendit Evan lui dire qu’il venait tout jsute d’avoir une lettre de leur père.

« Tu veux dire que mise à part cette missive, ça fait cinq ans que tu n’as pas eu de nouvelles de lui ? J’ai du mal à comprendre ce qui se passe dans notre famille… Je ne comprend même rien du tout. »

Un sourire un peu amer se dessina sur les lèvres de la jeune Alexandreï :

« Moi qui avait toujours imaginé mes retrouvailles comme quelque chose d’assez simple… J’ai l’impression de me retrouver au milieu d’une intrigue, d’un jeu dont on aurait oublié de m’expliquer les règles… »

Elle ramena ses genoux contre elle et soupira… De toute manière, y avait-il quelque chose de normal dans sa vie ? Et puis, qu’avait-elle à se plaindre ? Evan, lui, ne faisait jamais de remarque concernant son apparition. Si l’on oubliait leur première rencontre, son frère s’était toujours montré très gentil avec elle, et surtout prévenant. Du moins le ressentait elle ainsi et elle lui en était reconnaissante.

Se refusant à lui poser des questions qui le mettraient mal à l’aise, car elle avait bien compris que quelque chose se tramait derrière son dos, elle lui demanda simplement :

« A ton avis, qu’est-ce que je dois faire ? Lui écrire ? »

Katalina parut surprise d'apprendre que William n'avait pas donné de nouvelles pendant cinq ans, et Evan la comprenait, ce n'était pas normal. Il s'était toujours demandé ce que faisait son père, comme métier, et puis où il était, bien sûr. William était un mystère pour tout le monde et plus on pensait le connaître, plus on souffrait de se rendre compte qu'on ne savait rien. Sarah avait dit à Evan un jour qu'ils s'étaient séparés parce qu'elle ne supportait pas de ne presque rien savoir à propos de William. C'était compréhensible mais ce qui l'était moins, c'était le fait que William ait pu supporter leur mère plus de deux jours.

Evan repensa à ce souvenir que le directeur avait fait remonter à la surface pendant la retenue. Il ne savait toujours pas ce qui était vrai et ce qui était faux. Lui, il avait toujours pris ça pour un rêve, parce qu'il ne se souvenait pas de ce qui s'était passé avant et après. De plus, c'était totalement absurde. William n'en avait jamais parlé, n'y avait jamais fait allusion, c'était forcément un rêve. Et puis, le Serpentard n'imaginait pas son père tuer quelqu'un. Ce n'était pas parce qu'il était mystérieux qu'il était forcément quelqu'un de malhonnête.

Katalina disait qu'elle ne comprenait à rien à ce qui se passait dans leur famille. Il fallait qu'ils avaient une famille assez ... spéciale. Entre leur arrière-grand-père et son frère qui s'étaient lancé aimablement des menaces de mort à la figure jusqu'à leur mort, leur grand-père paranoïaque qui avait peur de son propre fils, leur père dont on ne savait ni où il était ni ce qu'il faisait et eux-mêmes qui avaient été séparés dès leur naissance ... Evan répondit avec un sourire semblable à celui de sa soeur :

- Personne ne comprend tout ce qui se passe dans cette famille, je suis pas sûr que ce soit possible, en fait. On peut remonter aussi loin qu'on voudra, on pourra pas trouver qui que ce soit de normal ...

Puis Katalina lui demanda si elle devrait lui écrire. Evan réfléchit, d'après ce qu'il savait, les hiboux trouvaient toujours le destinataire même si celui qui envoyait la lettre ne savait pas où il se trouvait. Mais est-ce que William répondrait ? Evan avait bien essayé de lui écrire lorsqu'il était au pensionnat, mais il n'avait jamais reçu de réponse, sauf au tout début. Est-ce que ça voulait dire que la lettre ne lui était pas parvenue ? Pourtant, le hibou finissait toujours par revenir, sans réponse certes, mais il revenait sans la lettre envoyée. Donc William devait avoir reçu ses lettres, à moins que quelqu'un ne les ait interceptées, ce qui n'aurait eu aucun sens. Dans ce cas, pourquoi ne lui avait-il jamais répondu ? Est-ce qu'il les lisait, au moins ? Est-ce qu'il considérait que ce n'était pas important, qu'il avait autre chose à faire ?

- Je ne sais pas, avoua-t-il franchement. Moi, il ne me répond plus, mais apprendre qu'on a une fille fait sûrement réagir.

D'ailleurs, comment est-ce que William réagirait lorsqu'il apprendrait l'existence de Katalina ? Sûrement pas de la même manière que leur mère, bien sûr. Mais est-ce qu'il réagirait positivement ? Rien de moins sûr. Les réctions de leur père n'étaient pas évidentes à prévoir ... Evan ajouta :

- A mon avis, on devrait aller voir sa demi-soeur. Enfin, notre tante. Après tout, elle est plus proche de lui que personne d'autre ... Elle pourrait peut-être nous dire où il est. Par contre, je l'ai jamais rencontrée, alors je sais pas vraiment comment elle est. Je suis même pas sûr de savoir où elle habite, mais bon ...

Katalina s’adossa un peu plus sur le canapé et serra les genoux contre sa poitrine en soupirant. Fermant doucement les yeux, elle s’obligea à prendre conscience que tout cela n’était que le début. Beaucoup de temps allait se passer avant qu’elle puisse ne serait-ce que rencontrer les membres de sa famille et encore plus avant qu’elle ne comprenne les liens qui les unissait tous. Elle se rappelait les nuits passées à imaginer quelle genre de famille les Alexandreï pouvaient être. Elle se roulait alors en boule dans les draps de son lit et gardait alors les yeux grands ouverts, fixés sur la lune, élaborant des scénarii dignes des films d’action moldue. Ces histoires là, issues de son imagination et complètement abracadabrantes étaient au moins plus faciles à accepter pour une fillette orpheline.

Kat frissonna de fatigue, tant physique qu’émotionnelle. Elle se permit de tirer un peu sur la couverture qu’Evan avait pris avec lui et le regarda à nouveau. Et lui qui avait vécu parmi eux pendant toutes ces années… Avait-il saisi, lui, tout ce qui se passait dans leur famille ? L’avait-il accepté ?

La jeune fille lui souri avec tendresse et soupira à nouveau :
« Je crois que je n’ai pas d’autre solution de toute manière. Tu sais bien mieux que moi ce qu’il faut faire, tu les connais mieux… »

A leur retour, elle demanderait à son frère de lui en apprendre encore plus sur leur famille, de façon à ce qu'elle ne soit plus perdue lorsqu'il évoquerait un autre membre. Une sorte de cours de généalogie, somme toute! Elle se demanda l'heure qu'il pouvait bien être, se disant qu'en fin de compte, cette journée avait passé bien vite, ne lui laissant guère de répit.

Elle repoussa la couverture et se releva du canapé, un grand bâillement s’échappant de sa bouche :
« Je vais aller me coucher… »

Elle faillit s’en aller de suite mais prise d’une inspiration, elle se rapprocha timidement de son jumeau et l’embrassa sur la joue, avant de lui souhaiter une bonne nuit et de se glisser dans la chambre qui allait être la sienne cette nuit.

[encore pardon pardon pour le retard!!! Je ferais plus vite la prochaine fois! Promis! ^^]

Evan y réfléchirait donc, à cette histoire de tante, ou demi-tante, il ne savait pas si on pouvait dire comme ça. Son père lui avait déjà parlé d'elle, Camille Alexandreï. Et lorsqu'Evan habitait avec lui en Angleterre, il trouvait une lettre de cette Camille une fois par semaine, environ. Il avait également trouvé une photo d'elle dans leur maison ... Evan se demanda soudain s'il ne pourrait pas y retourner, dans cette maison, justement. Son père n'y habitait plus, évidemment, mais le Serpentard y avait laissé beaucoup de choses à lui, à cause de son départ précipité. C'était un peu comme le pensionnat, où il avait beaucoup de bons souvenirs. Mais à côté de cette maison, il y en avait une deuxième qui intriguait beaucoup Evan, dans laquelle il avait réussi à entrer une fois, mais qui d'ordinaire était solidement barricadée. La maison de son arrière-grand-père, d'après ce qu'il en savait.

Katalina bailla et déclara qu'elle allait se coucher. *Bonne idée* se dit Evan en réprimant un bâillement. Quand sa soeur vint l'embrasser, il fit un sourire et lui souhaita une bonne nuit à son tour, conscient que vu la timidité habituelle de Katalina, il n'avait pas intérêt à montrer de la surprise. Puis le Serpentard installa vaguement son "lit", et s'allongea. Il était plus fatigué qu'il ne le pensait, mais ça ne l'étonnait pas, en fait. Ils avaient passé toute la journée à voyager, ou presque, entre le train pour aller de Poudlard à Londres, puis l'Eurostar, de Londres à Paris, puis le métro pour arriver au pensionnat. Et même là, ce n'était pas de tout repos, ils étaient montés au quatrième étage, puis ils étaient redescendus, puis ils étaient remontés ... Bref, ils méritaient amplement de se reposer. Evan ne mit pas très longtemps à s'endormir, en se disant qu'il devrait se lever tôt le lendemain pour les billets de train ...

Il fut réveillé par un bruit de verre qui se brisait. Il ouvrit les yeux pour voir sa mère ramasser des morceaux de verre. Cette dernière remarqua qu'il ne dormait plus et lui expliqua en deux mots qu'elle leur avait pris des billets de train et qu'ils pourraient être à Pré-au-Lard dans la soirée, et que de là ils pourraient retourner à Poudlard à pied. Evan, mal réveillé, ouvrit de grands yeux surpris. Sarah se contenta de poser les billets sur la table et de lui souhaiter une bonne fin d'année scolaire, avant de s'esquiver une fois de plus. Le jeune Alexandreï s'assit sur le canapé et prit une bonne minute pour se réveiller complètement. Ceci fait, il se leva pour aller regarder les billets de train pris par sa mère. Elle n'avait pas menti ... Leur train pour Londres partait vers midi, il n'était que huit heures. Evan n'en revenait pas. D'accord, ils avaient décidé de repartir au plus vite, mais il avait l'impression que leur mère les chassait ... quoique, on pouvait aussi penser que c'était juste pour les aider.

Au réveil de Katalina, Evan lui expliqua ce que sa mère lui avait expliqué un peu plus tôt, à propos des billets de train, sans manquer de laisser entendre qu'il se demandait si Sarah ne les mettait pas simplement dehors. Pendant le peu de temps qu'il leur restait à passer au pensionnat, ils eurent l'occasion de revoir Guillaume, qui ne cacha pas sa déception de les voir partir si tôt. Mais ils n'avaient pas vraiment le choix, à présent. Ils n'eurent pas le temps de faire grand-chose durant la matinée, Evan esquiva la plupart de ses anciens professeurs, et les deux Alexandreï reprirent le métro vers onze heures. Le Serpentard aurait bien aimé rester plus longtemps, du moins si sa mère n'avait pas été là, mais il se disait que de toute façon, il reviendrait - voire même que lorsqu'il serait adulte, il rachèterait le pensionnat, comme ça il n'y aurait plus de problème.

Les jumeaux durent refaire tout le trajet en train, c'est-à-dire reprendre le train qui passait sous la manche, puis à Londres prendre un train avec d'autres sorciers pour se rendre à Pré-au-Lard. Evan fut un peu plus bavard qu'à l'aller, bien que la perspective de retourner à Poudlard ne l'enchantait guère. Et puis, ce n'était pas humain de passer autant de temps dans le train en deux jours. Une fois dans le village sorcier, il n'était pas très tard encore, les deux Alexandrei purent rejoindre Poudlard à pied, empruntant le chemin des élèves lors des sorties à Pré-au-Lard organisées par le collège. Ils n'avaient pas le droit d'utiliser la magie, mais heureusement, leurs sacs n'étaient pas trop lourd puisqu'ils n'avaient pas prévenu de rester longtemps - leur voyage avait tout de même été très écourté. Enfin, ils atteignirent le château et ils se séparèrent pour aller déposer leurs affaires dans leurs dortoirs respecifs.

[Pardon d'abréger autant mais ... c'est vrai que ça faisait depuis les dernières vacances donc bon ^^""]