L'insaisissable secret

La nuit venait enfin de tomber sur Poudlard et personne ne se promenait dans les couloirs à cette heure. Anna jeta quelques coups d’œil autour d’elle afin de s’assurer de sa solitude puis boutonna le haut de sa cape noire. Elle n’était peut être pas invisible tout comme celle du célèbre Harry Potter, mais rien ne valait une couleur sombre pour passer inaperçus. Par chance Lilian n’avait pas demandé à ce qu’elle lui accorde une soirée de ronde, comme il s’y amusait de temps en temps pour commettre elle ne savait quelle plaisanteries de mauvais goût ou assouvir sa curiosité saugrenue. Non, ce soir elle était seule, et aucun professeur ni même concierge ne semblait de passage dans les environs. Malheureusement il faisait extrêmement froid, comme toutes les nuits depuis le mois de novembre, mais Anna trouvait la température bien plus basse que d’ordinaire…peut être était-ce dû à l’angoisse qui lui tiraillait l’estomac. Elle descendit alors les marches qui menaient au parc et se précipita le plus loin possible de l’entrée du château.
L’obscurité était intense, comme si un voile opaque avait été déposé devant ses yeux, et cette impression s’intensifia au fur et à mesure qu’elle s’approchait de la Forêt Interdite. Cette maudite forêt…Elle qui croyait ne jamais avoir à y remettre les pieds, elle était d’autant plus gênée qu’ils l’y conduisaient avec une aisance étonnante, comme s’ils connaissaient déjà le chemin, qui était d’ailleurs le même qu’elle avait empruntée lors de sa dernière visite en ces lieux. La neige avait conservée les traces de ses pas dans la boue, comme si elle était vouée à revenir un jour. Cette vision la troubla et elle releva ses yeux bleus vers les arbres noirs en face d’elle qui la dominaient avec puissance.

Son souffle se coupa et sa peau pâlie petit à petit ; un frisson d’horreur parcourut l’échine de son dos tandis que ses lèvres se mettaient à trembler. Une silhouette énorme rodait derrière la masse difforme que constituaient la forêt. Des crissement étranges parvinrent jusqu’à ses oreilles et elle se remémora les cris stridents de l’épouvantard. Se pouvait-il que l’accromentule qu’elle cherchait depuis plusieurs jours était cette créatures aux gémissements pitoyables ? Devait-elle s’avancer au risque de ne plus jamais ressortir de ce terrible endroit ? La silhouette se mit de nouveau en mouvement et s’éloigna. A cette vision, Anna se mit alors à lui courir après, sans savoir pourquoi, mais plus elle forçait sur ses jambes plus l’écart entre elle et ce qu’elle cherchait grandissait. Et si jamais elle ne parvenait pas à la rattraper, que se passerait-il ? Elle aurait dû demander à Daniel de l’accompagner, pour plus de sécurité et surtout car il était la seule personne au courant de ce secret. Qui pourrait venir la chercher en cas de problème ? Elle aurait dû en parler à Willy, lui raconter l’histoire de sa famille et son secret si lourd à porter.
Son pieds s’accrocha dans une racine et elle bascula en avant. Son visage heurta de plein fouet ce qui devait être un arbre. Du sang se mit à couler le long de sa joue tandis qu’elle frottait douloureusement son front encore meurtrie. Des larmes vinrent brouiller sa vue qui cherchait désespéramment un point de repère auquel se rattacher mais rien ne lui paraissait tactile, tout était flou et lentement l’excitation qui l’avait poussé à courir se transforma en peur. L’odeur de son sang se répandit autour d’elle alors que le froid s’emparait de ses membres engourdis. Elle se mit à trembler de plus en plus, la chair de poule se répandant le long de ses bras jusqu’à son corps tout entier, et la douleur à sa tête s’intensifia pour devenir insupportable. Elle n’aurait jamais dû entrer dans cette forêt et elle n’aurait jamais dû poursuivre aveuglement la créature ! Ce qu’elle souhaitait en cet instant précis ne plus être une Dark, ne pas avoir eu à se lier à une créature magique ! Pourquoi donc sa famille avait-elle autant de secrets ?

-Vous allez bien ?

Les yeux écarquillés, Anna releva subitement la tête pour identifier ce qui venait de s’adresser à elle avec une voix aussi étrange qui n’avait rien d’humaine. Son sang se glaça lorsqu’elle reconnut les immenses mandibules de l’accromentule, ainsi que ses six pattes qui gesticulaient continuellement autour du corps deux fois plus gros que la gamine. Ses yeux étaient tous tournés vers elle et Anna déglutit en s’imaginant être la proie d’un tel monstre. Venait-elle réellement de lui demander si tout allait bien ? Etait-ce une plaisanterie ? Pourquoi ne lui avait-elle pas encore sauté dessus ? Peut être qu’elle préférait voir paniquer ses victimes avant de les dévorer. Lentement et le plus silencieusement possible, la Serdaigle tenta de dégager son pied de la racine mais rien n’y faisait, un nœud semblait la retenir et plus elle tirait dessus, plus l’étreinte se resserrait autour de sa cheville. Son mal de crâne n’avait pas diminué mais heureusement ou malheureusement, la venue de l’accromentule lui avait fait oublier toute la douleur qu’elle éprouvait auparavant.

-Je ne vous veux aucun mal rassurez vous.

Anna sursauta, la voix stridente résonnait toujours plusieurs secondes dans sa tête avant de disparaître.

-Que venez vous faire dans cette forêt, votre place n’est pas ici.
-Je…Je…

Anna tira plus fortement sur la racine qui retenait son pied dans l’espoir de la voir céder mais rien n’y faisait, elle semblait belle et bien prise au piège. Elle chercha alors un objet contondant qui lui permettrait de la sectionner mais hélas le seul rocher le plus proche était inaccessible. Ce supplice semblait prêt à durer éternellement quand la pression autour de sa cheville céda subitement. Surprise, Anna jeta un coup d’œil à l’accromentule qui venait de la délivrer d’un simple coup de patte, puis tenta désespéramment de se relever. Mais impossible de s’appuyer sur ses propres jambes qui flanchaient dès que le moindre poids insistait pour être soulevé. Sa cheville ne répondait plus aux ordres et n’en faisait qu’à sa tête au point de dévier son pied de sa trajectoire.
La Préfète en chef soupira d’agacement et de dégoût ; le spectacle n’était pas beau à voir. Comment avait-elle pu en arriver là ? Après une simple course la voilà interdite de gesticuler à sa guise afin de fuir les dangers hostiles de cette forêt, et contrainte à la conversation avec l’insecte le plus venimeux qui puisse exister. Des larmes de découragement ruisselèrent le long de ses joues rosies par le froid.

-Je vous en supplie, laissez moi rentrer au château, je ne veux pas mourir, je n’ai que treize ans il me reste tant de choses à découvrir…
-Il fallait y réfléchir avant de vous aventurer en un territoire aussi périlleux miss Dark.
-Uh ! Vous connaissez mon nom ?
-Il y a très peu de choses que j’ignore…je vis ici depuis plusieurs années, croyez-vous que votre escapade en première année nous a échappée ?

Anna se remémora alors la fois où elle avait poursuivit le petit frère d’Hakha pour le ramener à la raison, et cette étrange créature qui avait prit possession de son corps. Falloum était là, mais il ne devait plus se souvenir de grand chose depuis le temps et surtout parce qu’elle l’avait assommé. Et cet étrange phénix qui était venu à son secours, qu’est-ce que tout cela signifiait ? Peut être que l’accromentule le savait.

-N…nous ?
-Bien entendu, je ne suis pas seul dans cette forêt, nous les descendants de Aragog vivons en communauté dans ses abîmes les plus profondes.
-Alors que faisiez vous à l’orée et pourquoi vous êtes vous enfuit ?
-Ce n’était pas moi que vous poursuiviez, mais une accromentule, plus jeune. Alexein n’agit plus normalement depuis plusieurs mois, il vient guetter les élèves de Poudlard. Je vous serais donc reconnaissant de ne plus l’importuner. Ne revenez jamais ici, sinon qui sait ce qui pourrait vous arriver.
-Mais…
-Faites ce que je vous dit miss Dark, ou vous pourriez le regretter !

Et sans qu’Anna ne puisse ajouter quoi que se soit, l’accromentule pivota et s’enfonça plus profondément dans la forêt. L’obscurité qui l’entourait la happa d’un seul coup et la jeune Anglaise se retrouva seule assise par terre à scruter les environs dans l’espoir d’u reconnaître les formes d’une créatures gigantesque, mais seul le son d’arbre percutés retentit jusqu’à ses oreilles.

[désolé mais qui dit forêt interdite dit lancé de dé... ici tu as fait un 10 -> tu te vois donc attaqué par une petite créature et est blessée ou alors une nouvelle blessure due à une chute ou autre...]

Perdue, frigorifiée, la jeune fille resserra ses bras autour de son corps pour échapper à la morsure glaciale des brises nocturnes. Comment allait-elle faire pour revenir au château sans se faire prendre par le directeur ? Comment allait-elle expliquer à l’infirmière ce qui lui était arrivé sans avouer qu’elle avait enfreint le règlement intérieur ? La partie était terminée, son poste de préfète en chef lui serait retiré, et Alexein ne pourrait jamais la rencontrer. Cette histoire était allée trop loin il fallait qu’elle se fasse à l’idée de ne plus courir après son héritage magique. Les larmes perlèrent le long de ses joues froides et plus elle pensait, plus le désespoir s’emparait d’elle, comme un virus se propageant dans son organisme.
Un son étrange se rapprocha petit à petit d’Anna, mais à une vitesse inquiète. Elle suffoqua, se pouvait-il que le tigre de Kragen l’ai retrouvé ? Que faire pour échapper à la rencontre ? Elle se traîna lamentablement contre l’arbre sur lequel elle s’était cognée, où la trace de sang matérialisait encore le choc qui avait eu lieu. Bientôt il fut possible à la gamine de sonder le comportement de la chose qui approchait. Une multitude de petits pas, des bruits étranges comme provenant d’un insecte, le visage d’Anna se crispa tendit qu’elle reconnaissait l’origine de ses observations. Reconnut pour son intérêt marqué et son talent dans l’étude des créatures magiques, elle était malheureusement certaine qu’il s’agissait d’un scroutt à pétard et une fois sa conclusion faite la créature surgit de derrière un buisson, semblant rechercher quelque chose à se mettre son la dent. Elle sembla remarquer la présence d’Anna puisqu’elle s’arrêta brusquement en tendit « l’oreille » à la recherche du moindre son. L’anglaise tenta de glisser silencieusement sa main en direction de la manche où elle dissimulait sa baguette mais le scroutt fut plus rapide qu’elle et se jeta à son visage. Anna se retrouva rapidement en contact avec une ventouse, celle avec laquelle les femelles suçaient le sang, mais par chance elle tira de justesse sa baguette et la pointa en direction de son visage. La manœuvre allait être risquée mais aucune autre solution ne s’offrait à elle.

-Stupefix!

Le scroutt à pétard lâcha prise et chuta par terre. Anna s’aida alors du tronc pour se relever et tenta de s’éloigner rapidement en direction de l’orée de la forêt, mais la douleur dans sa cheville s’intensifia et elle tomba de nouveau. Bien décidée malgré tout à s’échapper, elle se traîna le plus rapidement possible. Mais alors qu’elle se croyait tirée d’affaire la créature ou un objet lourd percuta sa tête et lui fit perdre connaissance.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Anna n’était plus dans la Forêt Interdite mais dans la boutique de son oncle, assise derrière le comptoir lors d’une chaude journée d’été. Nil dormait derrière elle et aucune ombre ne se profilait à l’horizon. Elle se leva, cherchant à comprendre ce qu’elle faisait ici et se dirigea vers la cuisine pour se passer de l’eau sur le visage. Le son de la cloche tinta à l’entrée et des bruits de pas sur le vieux parquet résonnèrent lourdement. Anna se précipita de nouveau derrière le comptoir pour apercevoir un femme de forte carrure et à la chevelure blonde s’avancer dans sa direction et murmurer les mots « l’araignée au plafond est verte ». Anna sut aussitôt qu’il s’agissait d’une sorcière et lui adressa un sourire pour lui faire comprendre que le message était passé. La sorcière se redressa alors et fixa sur elle un regard dure et sérieux.

-Il faut à tout prix que je te montre quelque chose Anna, c’est une question de vie ou de mort.
-Vous connaissez mon nom ?
-Pas le temps pour les bavardages, emmène-moi dans l’arrière boutique pour que nous puissions utiliser ta poudre de cheminette.
-Ma poudre de cheminette mais…

La femmes ne lui laissait pas l’occasion de terminer sa phrase et l’attrapa par le bras pour la tirer dans l’arrière boutique. Des étagères entières étaient remplies de bibelots aux formes étranges et les deux sorcières durent éviter à plusieurs reprises des extrémités contondantes pour parvenir jusqu’à une vieille cheminée recouverte de poussière. La sorcière attrapa un pot sur le manteau et versa dans ses mains une poignée de poudre verte avant d’entraîner avec elle Anna dans le foyer.

-Au Poivre Rouge ! Prononça-t-elle d’une voix forte tout en lâchant la poudre.

Des flammes vertes entourèrent les deux sorcières et Anna eut la désagréable impression de décollé du sol, sa tête tournant à la recherche d’un repère auquel s’attacher. Elle ferma les yeux afin de reprendre un peu plus de contenance mais elle ne parvenait pas à les rouvrir.

Elle se réveilla à l’orée de la Forêt Interdite, enveloppé dans sa cape noire. Elle n’avait plus aussi froid qu’auparavant et la douleur dans sa cheville avait diminuée, si bien qu’elle parvint à se remettre debout et à sauter à cloche pied en direction du château. Quand elle arriva aux marches qui conduisaient à l’intérieur Anna chercha désespérément une excuse à donner à l’infirmière et elle opta pour lui expliquer qu’elle s’était cogné et avait trébuché contre un arbre du parc lors de sa ronde tout simplement.